Débits et débitants de boissons dans le 18e arrondissement de Paris pendant l’entre-deux-guerres

PAROUX Vanessa, Débits et débitants de boissons dans le 18e arrondissement de Paris pendant l’entre-deux-guerres, Maîtrise [Antoine Prost, Annie Fourcaut], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1994, 2 vol., 198 p. + annexes

L’entre-deux-guerres correspond à l’apogée du nombre de débits de boissons en France et à Paris alors que des politiques limitatives et restrictives ont été votées par les pouvoirs publics dès 1915. Espaces paradoxaux et ambigus, à la fois lieux publics et lieux privés, les débits de boissons se situent entre les milieux familiaux et les milieux professionnels. Les récentes études traitant des débits de boissons comme lieux de sociabilité, de convivialité et d’échange ont omis ou ignoré de décrire et d’analyser la réalité intrinsèque du monde de la limonade.

Aussi, dans cette étude, nous avons cherché à cerner les caractéristiques morphologiques des débits de boissons ainsi que celles de leurs exploitants.

Avec quelque 1400 établissements, les cafés-brasseries, les bars, les bistrots et autres marchands de vin se sont implantés dans chaque rue du dix-huitième arrondissement. Ils se sont agglutinés autour des carrefours, des zones commerciales, industrielles, et des lieux d’habitation. Or, toute localisation et tout type de débits de boissons dépendent étroitement des structures sociales, économiques et géographiques de l’espace urbain dans lequel ils s’intègrent.

Malgré la multitude des débits de boissons et la diversité des formes qu’ils peuvent revêtir, nous nous sommes aperçus que les débitants de boissons constituent un groupe social, une communauté d’individus cohérente, et qu’eux-mêmes ont le sentiment d’appartenir à une identique « corporation ». Grâce à l’étude de leur âge, de leur situation de famille, de la profession de leur conjoint et de leurs enfants, de leurs origines géographiques, ainsi que par l’analyse de leur carrière et de leurs revenus, nous avons pu saisir leur vie quotidienne — familiale et professionnelle — et leur position sociale dans le dix-huitième arrondissement de l’entre-deux-guerres. Le système d’intégration et d’assimilation des débitants de boissons sont donc des outils privilégiés de lecture de la vie du quartier ou de la ville dans lesquels ils sont implantés.