De l’image de l’URSS dans la « Révolution prolétarienne, 1925-1939

PERRODIN Emmanuel, De l’image de l’URSS dans la « Révolution prolétarienne, 1925-1939, Maitrise [Michel Dreyfus], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1 999 159 p.

Cette étude s’attache à montrer comment les acteurs, le « noyau » de la Révolution prolétarienne, revue syndicaliste-communiste de 1925 à 1929, puis syndicaliste-révolutionnaire de 1930 à 1939, fondée par des exclus du Parti communiste pour l’aider à le redresser de l’extérieur, a évolué vis-à-vis de l’URSS de 1925 à 1939. Monatte, Louxon, Chambelland et Rosmer — entre autres — sont ainsi passés de l’espérance à la résignation, pour finalement imposer leur revue en tant qu’une des tribunes des plus originales de I’anti-stalinisme.

L’argumentation s’articule autour de trois points. Le premier insiste sur le regard avant tout politique que le « noyau » porte sur la Russie. En effet, pour lui, et à raison, la cause du mal communiste français réside, tout comme son remède, à Moscou. Et de 1925 à 1930, date à laquelle la Révolution prolétarienne devient « syndicaliste révolutionnaire », l’étude montre le processus qui les mènera vers une certaine désillusion. Jamais, en effet, le stalinisme ne signifiera communisme dans leur esprit. Le deuxième point s’étend sur l’aspect pris par la Révolution prolétarienne dans les années 1930, celui d’un refuge duquel il est aisé de lancer de nombreux appels, ainsi que sur l’importance de « chroniqueurs-témoins » tels que Victor Serge et surtout Yvon (Robert Guiheneuf), lequel numéro après numéro, de 1934 à 1937, dévoile avec la régularité de l’implacable constatation de la réalité la société soviétique jusque dans sa nudité. Le troisième point tente d’extraire deux fils rouges des questions précédentes en mettant en évidence le rôle de Quartier latin ouvrier joué par la Révolution prolétarienne et en analysant les liens que la revue entretient avec Léon Trotsky et Romain Rolland. La revue s’impose en fait comme une agora originale au sein des réseaux de l’opposition de l’« hydre rouge », puisqu’elle la transpose sur le terrain syndical.