BOISBEAU Hélène, De La Guilde au TEP ou d’un théâtre d’amateurs à un théâtre national, 1951-1972, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1999, 152 p.
Le projet d’évoquer la monographie de La Guilde, troupe française de théâtre, dans un temps récent, celui de l’après-guerre et de ses utopies, répond à la volonté de rechercher dans le théâtre des cinquante dernières années les mythes fondateurs de la conception de troupe en France, et d’en analyser l’idéologie communautaire, à travers celle de théâtre populaire.
Parallèlement, en plaçant un travail d’équipe au centre de cette recherche, à une époque où le théâtre est plus que jamais projeté dans une dimension discursive et dogmati9-ue, il s’agissait de faire le tri dans l’éclectisme théorique des écoles du théâtre français, notamment en les questionnant sous l’angle de l’investigation historique, à partir de la notion de légitimité. Autrement dit, qui — groupe — se fonde sous l’autorité de qui — individu ou groupe — ou de quoi — groupe ou théorie — et dans quels temps — théoriques ou idéologiques ?
La vie de la compagnie se déroule de 1951 à 1972 et revêt diverses formes. À ses débuts, c’est une troupe de comédiens amateurs qui se sont rencontrés dans une salle de patronage du XXe arrondissement de Paris. Après leur victoire au concours des Jeunes Compagnies, ils créent un théâtre, le Théâtre de Ménilmontant, encore en activité, qui tente de fonctionner comme un théâtre privé, avec le souci de rentabilité en moins. Cette situation ne peut se prolonger sans avoir recours aux subsides de l’État. La troupe se réfère alors au théâtre conçu comme un service public.
Par la suite, sous l’égide du Ministère des Affaires culturelles nouvellement institué, la compagnie devient le centre de création théâtrale de la nouvelle et unique Maison de la culture parisienne en 1963, le Théâtre de l’Est parisien ou TEP. Ses dirigeants, Guy Rétoré, Arlette Téphany, Pierre Taupier, sont aussi ceux de la troupe. L’étude s’achève avec la saison 71-72 avant la mise en œuvre des nouveaux statuts du TEP devenu théâtre national.
À travers cette monographie transparait la volonté continue des décideurs de La Guilde d’appeler l’intervention de l’État tout en se gardant de sa tutelle ou de tout autre, renouant ainsi avec la tradition des fous du roi, tour à tour courtisans et miroirs satiriques de la monarchie.
L’histoire de La Guilde, c’est peut-être celle de la Grenouille…