RICHIER Emmanuel, Crises internes et dissidences dans l’Internationale situationniste, Maîtrise [Antoine Prost, Claude Pennetier], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1996, 144 p.
Entre 1958 et 1972, l’Internationale situationniste, une avant-garde issue de mouvements artistiques et culturels, élabora une critique radicale de la société. Cette avant-garde, qui se définissait comme un groupe international de théoriciens, connut au cours de son histoire différentes orientations pratiques et théoriques. Cette évolution constante fit naître des résistances dans l’organisation, et les divergences se transformèrent le plus souvent en dissidences.
L’histoire de l’Internationale situationniste est ainsi fortement marquée par les nombreuses crises internes nées de l’affrontement des tendances. Mais cette succession de démissions et d’exclusions était elle inéluctable ? Pour le comprendre, il est important de connaître les bases théoriques qui ont fondé éventuellement les discordes et de définir le projet de l’organisation. En effet, dès les premières années de l’organisation, une tendance, groupée autour du situationniste Guy Debord veut orienter l’Internationale situationniste vers l’élaboration de la théorie la plus extrémiste du moment. L’influence, entre autres, des écrits du jeune Marx et de l’anarchiste Bakounine éloigne progressivement l’Internationale situationniste de la critique de l’art et de la culture et la rapproche de la critique sociale des groupes d’ultra-gauche.
Toutefois, la recherche d’une cohérence théorique n’est pas la seule cause de rupture. Refusant toute hiérarchie, le groupe n’admet pas en son sein les inactifs ; les contemplatifs sont donc exclus. Cette situation, dans ses dernières années d’existence, accéléra l’état de crise quasi permanent que connaissait l’International situationniste depuis ses débuts. Ce fut sa dernière crise ; incapable de trouver une nouvelle orientation, l’organisation estima être arrivée à la fin de la réalisation de son projet et choisit alors de se dissoudre.