Cheminots de la misère : les origines géographiques et sociales des cheminots de Villeneuve-Saint-Georges à partir du recensement de 1911

GENESTE Christelle, Cheminots de la misère : les origines géographiques et sociales des cheminots de Villeneuve-Saint-Georges à partir du recensement de 1911, Maîtrise [Antoine Prost, Christian Chevandier], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1998

Étudier les origines géographiques et sociales des agents de la Compagnie du Paris-Lyon-Méditerranée travaillant à Villeneuve-Saint-Georges c’est s’intéresser au recrutement du personnel ferroviaire, au mode de fonctionnement d’un univers ouvrier particulier et déterminer si les cheminots vivaient dans un monde clos.

Curieusement, à ce jour, une telle problématique est rare et les données sur le recrutement social des agents du chemin de fer manquent à la connaissance du monde ferroviaire. Faute de sources utilisables en partie, une telle étude a été retardée ; les délais de communicabilité atteignent parfois 100 ans, en l’occurrence pour la consultation des actes d’état civil dont notre approche nécessitait l’utilisation.

Ainsi, à partir des listes du recensement de 1911 et des actes d’état civil des cheminots de Villeneuve-Saint-Georges, c’est non seulement l’évolution d’une simple bourgade de pêcheurs en une véritable cité cheminote que nous avons mise au jour, mais aussi les différents schémas des migrations cheminotes qui, loin de prétendre dégager le profil type de tels mouvements géographiques, tentent de nous en présenter les causes. Fortement localisés le long de l’axe ferroviaire de la compagnie du PLM, les cheminots proviennent de la France entière témoignant de l’ère d’influence de ce réseau, mais également des diverses crises qui ont traversé le XIXe siècle. Le chemin de fer semble servir d’exutoire aux populations confrontées aux difficultés du siècle.

Enfin, largement dépendants de ces migrations, il s’agissait de dépeindre le statut et le comportement social de ces familles à la veille du premier conflit mondial ; c’est-à-dire tenter d’apercevoir les mécanismes d’ascension sociale, les relations humaines entre le monde ferroviaire et la communauté urbaine de Villeneuve-Saint-Georges. Ici c’est à la fois la faiblesse du recrutement endogène des cheminots qui transparaît, étroitement liée à l’utilisation que le personnel ferroviaire faisait du PLM (il servait, semble-t-il, de tremplin social), mais aussi l’impression d’un univers clos, vivant sur lui-même (le fonctionnement de la compagnie y contribuant) par le fort taux d’homogamie sociale dans le choix du conjoint et par la concentration des quartiers d’habitation.