Antoinette, magazine féminin de la CGT de 1955 à 1969

WISNER Anne-Clémence, Antoinette, magazine féminin de la CGT de 1955 à 1969, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Michel Dreyfus], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1999, 132 p.

À partir de 1955, la CGT publie une revue syndicale destinée aux femmes salariées, intitulée Antoinette. La création de cette revue au milieu des années cinquante — alors que les mouvements féminins sont en sommeil — par une organisation syndicale, qui n’a pas toujours su accueillir les femmes en son sein, peut surprendre au premier abord. Cependant, depuis 1946 la CGT s’est dirigée progressivement vers la prise en compte spéci­fique des femmes salariées. Afin de s’adresser plus facilement aux femmes, la CGT va se doter d’une commission féminine, mais elle va également décider la création d’Antoinette, revue mensuelle destinée à être vendue massivement. En réalité, dans les années cinquante, cette revue va être très occupée à défendre les prises de position communistes. La mère de famille et la ménagère vont tenir une place centrale dans ses articles, puis, dans les années soixante, elle va participer activement au débat sur les modalités du travail féminin qui occupe la société française.

L’étude d’Antoinette, de 1955 à 1969, permet de constater la vitalité du secteur féminin dirigé par Madeleine Colin, mais elle nous permet également de remarquer que ce secteur féminin reste entièrement subordonné aux directives confédérales. Bien loin d’être tentée par le féminisme qui émerge dans la seconde moitié des années soixante, Antoinette privilégie la lutte des classes par rapport à la lutte des sexes. On peut également conclure de cette étude que même si au niveau confédéral il existait une volonté de s’adresser aux femmes de manière particulière et d’aborder leurs problèmes, les organisations syndicales à l’échelon fédératif, départemental ou local, et ses militants se sont montrés très réticents dans la pratique.

Malgré son originalité — qui consiste à être la seule revue à s’adresser aux femmes dans leur vie professionnelle — et les efforts constants de l’équipe rédactionnelle pour la rendre attrayante, Antoinette ne va pas réussir à rencontrer les travailleuses, les ventes vont plafonner à 74 000 en 1965, ce qui ne représente qu’une petite proportion des syndiquées à la CGT.