Federico Fellini, de main de maître : la construction d’une image publique 1950-1993

RAPP Clarisse, Federico Fellini, de main de maître : la construction d’une image publique 1950-1993, Maîtrise [Pascal Ory, Christian-Marc Bosséno], Univ. Paris 1 CHS, 2003, 282 p.

Le 29 mars 1993, Federico Fellini recevait son cinquième Oscar : la statuette, qui consacrait l’ensemble de sa carrière, venait s’ajouter à quatre Oscars du meilleur film étranger pour La Strada (1954), Les Nuits de Cabiria (Le notti di Cabiria, 1957), Huit et demi (Otto e mezzo, 1963) et Amarcord (1973). Sortant de la cérémonie, entouré de Giulietta Masina et de Marcello Mastroianni, considéré comme son alter ego à l’écran il se retrouva au beau milieu d’une foule de célébrités assaillies par des hordes de photographes, de cameramen et de journalistes. La scène n’aurait pas détonné dans La Dolce vita (1960), qui offrait un panorama de la jet-society des années cinquante traquée par les futurs paparazzi. Cette étude observe comment Fellini, alors qu’il revendiquait le côté artisanal de son métier, s’est laissé présenter comme un artiste, un auteur. Le mythe Fellini naît en 1954 avec la sortie sur les écrans de La Strada. Si le film suscite en Italie des débats polémiques, il reçoit en France un accueil dithyrambique. Après 1956, celui qui n’est encore qu’un cinéaste de renom accède au rang de star internationale. La Dolce vita permet à Fellini d’être unanimement reconnu en Italie et lui vaut le titre Il Maestro. Mais le film-phare de sa carrière est Huit et demi qui installe définitivement l’image du créateur, du cinéaste par antonomase. Le projet d’évoquer la carrière de Fellini répond à la volonté de comprendre comment l’image d’un artiste se construit socialement. Homme de spectacle, le metteur en scène se définissait lui-même comme un marionnettiste, un Monsieur Loyal et un inventeur. Enclin à fabuler sur sa propre vie, il s’est surtout imposé tout au long de sa carrière comme un conteur hors pair — les nombreux journalistes qui l’ont interviewé à Cinecittà ne le démentiraient pas. À travers cette étude transparaît ainsi le rôle des médiateurs et des vecteurs de diffusion d’une réputation, ainsi que l’originalité du cas de Federico Fellini qui consiste en sa « disponibilité ». Par amour du spectacle, il s’est créé un personnage qu’il a interprété devant comme derrière la caméra.