Les premières années de l’École du Louvre, 1882-1914

PICOT Sophie, Les premières années de l’École du Louvre, 1882-1914, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 254 p.

À la fin du XIXe siècle, les musées sont perçus comme un lieu d’enseignement à valoriser. Il s’avère donc nécessaire de former son personnel afin de proposer rapidement aux visiteurs des collections classées selon un ordre chronologique ou stylistique rigoureux. C’est dans cette perspective qu’est créée, en 1882, une école au Louvre. Grâce à une telle implantation, elle peut délivrer un enseignement pratique en rapport étroit avec l’actualité des champs de fouilles et favoriser un contact direct avec l’œuvre d’art. La première équipe enseignante, essentiellement composée d’épigraphistes et d’archéologues conservateurs des collections nationales, trouve des intérêts variés à professer à l’École du Louvre. Mais, tous ont conscience de proposer un enseignement nouveau tant par sa méthode que par ses ambitions. Pourtant, le programme proposé ne reflète en rien la variété des collections nationales puisque l’archéologie grecque et romaine et les conservations d’art ne sont pas représentées. La nouvelle école tarde à s’organiser et semble peu disposée, dans un premier temps, à élargir son champ d’études et à accueillir un public moins spécialisé. Elle est donc très tôt soumise aux critiques, notamment de la presse, et se doit de créer dès 1886 des chaires d’histoire de l’art. L’École du Louvre est le premier lieu d’études en France à ouvrir ses portes à cet enseignement. Une telle innovation connaît un succès immédiat auprès des élèves, mais surtout des centaines d’auditeurs se précipitent pour assister aux conférences d’histoire de la peinture ou d’histoire de la sculpture. Une des originalités de l’École du Louvre réside en effet dans la coexistence d’un public recherchant une formation, une spécialisation et de nombreux dilettantes qui ne souhaitent que visiter les collections nationales avec plus de profit. Cette cohabitation peut être une source d’initiatives profitables à tous. Elle nourrit aussi les inquiétudes d’un corps enseignant qui a le sentiment de ne pas remplir sa mission en ne formant que de rares professionnels.

L’École du Louvre, durant ces premières années, n’est pas reconnue comme le seul et unique organe de formation des conservateurs. En revanche, elle contribue à alimenter la réflexion sur leur professionnalisation, par le biais d’innovations pédagogiques notamment.