La solidarité aux réfugiés politiques chiliens : la mobilisation des O.N.G., des syndicats et des municipalités (1973-1984)

LACOSTE Graciela, La solidarité aux réfugiés politiques chiliens : la mobilisation des O.N.G., des syndicats et des municipalités (1973-1984), Maîtrise [Michel Dreyfus], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1999, 185 p.

Le 11 septembre 1973, une junte militaire au Chili, dirigée par le général Pinochet, renverse le gouvernement du président socialiste Salvador Allende, en place depuis 1970. Les militants et partisans du régime socialiste, dès lors menacés, prennent le chemin de l’exil. La France en vertu de sa tradition et de sa constitution offre une terre d’asile à un certain nombre d’entre eux. Le flux des réfugiés (920 par an) demeure régulier tout au long de notre période : 753 personnes la première année, un pic entre 1977 et 1978 avec 1082 réfugiés. En France, la réaction au coup d’État est si forte que des militants de gauche, syndicalistes, maires, s’attachent à accueillir les immigrés et à les assister sur les plans politique, moral et matériel. Ainsi, les représentants du syndicalisme chilien obtiennent-ils les moyens d’installer à Paris un bureau de travail.

Des organisations non gouvernementales, telles que la jeune France, Terre d’Asile, la CIMADE, le Secours Populaire, réunies en coordination, parviennent à faire appliquer une loi sociale. Celle-ci était destinée aux démunis nationaux, désormais elle offre aux Chiliens la possibilité de bénéficier des structures sociales françaises (foyers de jeunes travailleurs). Elles les aident également à effectuer leurs premières démarches administratives d’insertion dans la société française.

À l’aide d’urgence succèdent des soutiens plus ponctuels et un accueil dans la longue durée (intégration dans la société française par un logement, un emploi, l’alphabétisation, etc.). Mais à partir de 1977, on observe une évolution de la nature de l’immigration : de politique, elle est devenue à majorité économique. Dès lors, Ies deux vagues d’immigrés s’organisent localement pour tenter de reconstituer des réseaux de solidarité, même si l’engagement politique des premiers arrivants apparaît comme un obstacle à une interpénétration.

Les années 1980 marquent une rupture : en effet, certains exilés sont autorisés à rentrer chez eux, car la politique de la junte s’assouplit. On observe alors que les flux diminuent. Enfin de compte, on observe le même phénomène que pour d’autres immigrations politiques, la solidarité aux réfugiés n’a pas été unilatérale : l’immigration politique chilienne s’est traduite, à différentes échelles, par des échanges intenses entre Français et Chiliens.