Les clubs politiques et Mai 68

COURTAUX Élisa, Les clubs politiques et Mai 68, Maîtrise [Claire Andrieu, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1995

L’objectif de départ de ce travail était de comprendre comment les clubs politiques avaient vécu les événements de mai et juin 1968. En effet, beaucoup d’études consacrées aux clubs, des mémoires de maîtrise récents notamment, s’arrêtaient justement en 1968, tout en précisant que cette date semblait marquer une rupture. Il s’agissait alors d’étudier les réactions de chacun des clubs à ces événements pour en mettre en lumière la multiplicité. Nous avons ainsi considéré les différentes sortes de clubs : les sociétés de pensée, pures ou engagées, que l’on a appelées « déchirées », car elles hésitent entre action et réflexion, les clubs plus nettement politiques de la gauche non communiste et ceux de la majorité. Il est tout de suite apparu que l’année 68 seule ne suffisait pas à comprendre les évolutions des clubs et qu’il était très intéressant de continuer jusqu’en juillet 1969, date de création du Nouveau Parti Socialiste, en se penchant aussi sur les bouleversements de la vie politique provoqués par les événements de Mai (référendum d’avril, départ du Général de Gaulle, présidentielles anticipées en juin).

Nos recherches nous ont permis de comprendre les réactions et les évolutions des différentes sortes de clubs au vu de la situation politique et du positionnement spécifique à chacun d’eux. Ainsi, les clubs politiques qui s’étaient engagés dans la reconstruction d’un nouveau parti socialiste se sont plus ou moins « fondus » dans le nouvel organisme. Les sociétés de pensée « déchirées », comme le club Jean Moulin, n’ont pas réussi à se replacer dans le paysage politique de la gauche, à côté d’un parti réorganisé, et ont subi aussi le contrecoup de leur échec à prévoir et à récupérer les événements de Mai. Les sociétés de pensée, restées hors du circuit politique, ont survécu en redéfinissant leur rôle propre. Enfin, la majorité a de son côté commencé à utiliser, pour son propre compte, le « système club ».