Un hôpital pendant la Première Guerre mondiale (juillet 1914-février 1919) : l’hôpital de Lariboisière dans la guerre

LONGUET Émilie, Un hôpital pendant la Première Guerre mondiale (juillet 1914-février 1919) : l’hôpital de Lariboisière dans la guerre, Maîtrise [Annie Fourcaut, Christian Chevandier], Univ. Paris 1 CHS, 2004, 221 p.

En juillet 1914, l’hôpital Lariboisière constituait un des établissements hospitaliers les plus performants de Paris. Relevant de l’Administration générale de l’Assistance publique, sa fonction principale était d’accueillir et de soigner les personnes indigentes demeurant dans les quartiers du nord-est de la capitale. Dès le début de la guerre, cet hôpital fut militarisé. De ce fait, il occupa une place particulière dans le système de soin militaire, durant toute la durée de la Première Guerre mondiale et jusqu’en février 1919. Dans quelle mesure le fonctionnement de l’hôpital Lariboisière fut-il bouleversé ? En quoi le quotidien du personnel soignant fut-il affecté par le conflit ? En ouvrant ses portes aux soldats malades et blessés, l’hôpital vit son organisation administrative, ses (infra) structures ainsi que ses activités modifiées. En effet, les autorités militaires souhaitaient que les soldats hospitalisés fussent séparés des civils, considérés comme des foyers de contagion. De plus, la réglementation militaire devait être appliquée au sein de l’hôpital. Cette prépondérance des militaires nous amène à nous interroger sur l’autonomie du service de santé civil. En outre, la guerre engendra de nouveaux besoins sanitaires, notamment dans le domaine des plaies. De ce point de vue, la guerre suscita une amélioration des modalités thérapeutiques, en particulier en chirurgie. L’arrivée des militaires ne ferma par pour autant l’hôpital aux civils. Victimes eux aussi du conflit du fait des pénuries et du rationnement de certaines denrées, leur niveau de santé ne se dégrada que ponctuellement, lors de vagues épidémiques. De plus, les difficultés matérielles touchèrent aussi l’hôpital. Autrement dit, les conditions d’hospitalisation se détériorèrent. Pour autant, l’hôpital continua à assurer ses fonctions traditionnelles, prenant même une part importante dans la réflexion et la promotion de la politique de santé publique engagée par l’État. Par ailleurs, la guerre influença directement le travail du personnel soignant. La mobilisation provoqua le départ de nombreux agents masculins, remplacés en partie par des volontaires peu, voire pas expérimentés. Un certain nombre de mesures fut pris pour pallier ce problème. En outre, leur travail se caractérisait par sa pénibilité. Outre la suractivité, ce personnel, en tant que principal témoin de la brutalité de la guerre, était confronté à des situations traumatisantes. Leur niveau de revenu ne peut expliquer à lui seul leur dévouement. Celui-ci fut largement salué à la fin de la guerre par les instances dirigeantes et le public. La guerre fut donc un moment privilégié de la construction identitaire de ce groupe socioprofessionnel et à plus forte raison de cette institution.