Politique culturelle en banlieue : un concours de chorégraphie à Bagnolet

FONITCHEFF Mylène, Politique culturelle en banlieue : un concours de chorégraphie à Bagnolet, Maîtrise [Antoine Prost-Annie Fourcaut-Noëlle Gérôme], Univ. Paris 1, 1997, 155 p.

Le concours « Ballet pour demain » créé en 1969 à l’initiative du danseur Jaque Chaurand et organisé par la municipalité communiste de Bagnolet doit permettre à de jeunes chorégraphes de présenter leurs essais. Ils affluent nombreux, s’expriment sur des musiques et sujets contemporains, présentent un nouveau langage chorégraphique. C’est un détonateur pour la danse moderne en France qui s’affranchit progressivement des influences allemandes et américaines.

Le concours est parfois un point de départ pour la carrière des chorégraphes. Son impact reste néanmoins limité par manque de structures et de moyens mis à la disposition de la danse au niveau national. Cette constatation donne lieu à l’organisation de débats dans le cadre du concours. Professionnels de la danse y rencontrent élus communistes. Le député Jack Ralite porte leurs revendications devant l’Assemblée Nationale en 1976. Bagnolet devient capitale de la danse et tente d’en faire profiter ses habitants. Des réflexions et actions sont ainsi menées à l’occasion du concours dans le but de sensibiliser le public local.

Le rôle du concours est à nuancer sur le plan chorégraphique. Il accueille peu d’étrangers, de provinciaux et se ferme progressivement aux amateurs. Certaines tendances sont plus spécialement représentées, en outre, le poids du classique reste fort. La victoire de la gauche aux présidentielles marque un tournant pour le concours. Ceux qui revendiquaient en 1976 souhaitent désormais collaborer à la politique du gouvernement. En novembre 1981, la ville organise les Assises de la danse afin de définir les besoins de cette dernière. Elles sont à l’origine de la création d’une commission ministérielle en 1982. Les buts initiaux sont atteints, les chorégraphes sont découverts, reconnus et encouragés. Dès lors, le concours s’essouffle, les élus municipaux et le créateur s’opposent sur sa redéfinition. Le départ de ce dernier, en 1985, marque la fin du concours.