Naissance du gangstérisme à Paris, ou le « milieu moderne » avant, pendant et après l’Occupation

GIRBEAU Sabine, Naissance du gangstérisme à Paris, ou le « milieu moderne » avant, pendant et après l’Occupation, Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 129 p.

Pour dénommer le monde interlope durant la Belle Époque, les gens employaient le terme de « pègre ». Pendant l’entre-deux-guerres, les contemporains utilisaient le mot « milieu ». Enfin, aujourd’hui, nous évoquons plutôt l’expression « grand banditisme » pour définir cette catégorie de la société. De fait, l’emploi de ces mots correspond bien à une réalité. L’irruption des mots « milieu », « gangsters » dans les années trente coïncide avec une phase de modernité.

Au-delà du champ sémantique, nous avons tenté de mettre en évidence les mutations opérées au début des années trente qui caractérisent cette époque. L’arrivée massive des Corses, les nouveaux trafics, la nouvelle ère de règlements de comptes mais aussi une mentalité différente expliquent les changements apparus à Paris dans le « milieu ».

Dans ce mémoire, nous avons intégré ces modifications sur une période s’étendant jusqu’à la fin des années quarante, car un événement capital, à savoir I’Occupation de Paris, change la donne. Durant cet intermède, les truands ont un pouvoir qu’ils n’avaient jusque-là jamais eu ; celui d’avoir la possibilité d’exercer leur art au grand jour. Engagés dans des services français de la Gestapo, ils réquisitionnent, pillent et volent pour le compte des Allemands, mais surtout pour le leur. Cet âge d’or de la truanderie va-t-il bouleverser la place des malfaiteurs dans la société ? C’est un des axes sur lequel repose le fondement de notre réflexion.

Au travers des archives que nous étudions dans ce mémoire, nous constatons que, dans leur grande majorité, les truands retournent après la guerre à leurs activités d’avant-guerre (fin des « vols aux faux policiers », règlements de comptes liés à des rivalités classiques…). La guerre n’a pas transformé la nature du « milieu moderne », tout au plus elle a favorisé la « carrière » de certains bandits après guerre. En définitive, la Gestapo n’a pas changé le visage de la criminalité à Paris.