Une gloire fuyante : portrait d’une oubliée. Simonne Mathieu (1908-1980)

GEORGE Sévérine, Une gloire fuyante : portrait d’une oubliée. Simonne Mathieu (1908-1980), Maîtrise [Michel Dreyfus, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 153 p.

Le nom de Simonne Mathieu est inconnu de tous. Et ce malgré un parcours exceptionnel. Simonne Mathieu commence sa brillante carrière tennistique à la fin des années 1920. Devenue la meilleure joueuse française après Suzanne Lenglen, elle se forge un palmarès des plus enviables (10 victoires à Roland Garros par exemple). Avec la guerre sa suprématie sur le tennis féminin cesse. Car la championne trouve à cette époque un nouveau terrain d’expression pour son caractère vaillant et combatif. Présente à Londres aux premiers jours du conflit, elle s’engage au plus vite dans la lutte contre l’Allemagne nazie. Son action aboutit bien vite à la création d’un Corps Féminin au sein des FFL, pendant plus de deux ans. Ce service d’Auxiliaire féminin de l’armée de terre est la première réalisation d’intégration des femmes dans l’armée française. Héroïne de guerre, elle retourne rapidement à sa première passion, où elle bénéficie de son nouveau statut. Mais cette gloire nouvelle ne dure qu’un temps, et peu à peu elle disparaît des membres.

Cette femme de paradoxes, à la fois progressiste dans sa vision de la modernité, mais profondément ancrée dans un conservatisme social, laisse donc, par son destin exceptionnel, une trace réelle dans l’Histoire, à défaut d’intégrer l’historiographie. Cet oubli général, touchant tout à la fois les différents cercles de sa vie, symbolise, malgré sa soif de reconnaissance, le trait dominant de sa mémoire.