L’Union temporaire contre la prostitution réglementée et la traite des femmes, 1926-1946

DARD Sévérine, L’Union temporaire contre la prostitution réglementée et la traite des femmes, 1926-1946, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1992, 181 p.

L’Union temporaire contre la Prostitution réglementée, née en 1926, prend le relais de la Branche française de la Fédération abolitionniste internationale. Elle hérite de plusieurs décennies de luttes et des mêmes difficultés propres à la France. Berceau du réglementarisme au XIXe siècle, incapable de mettre en œuvre des réformes, jugées pourtant nécessaires et expérimentées internationalement, la France reste fidèle à sa tradition d’organisation officielle de la prostitution dans l’entre-deux-guerres, en dépit de l’intense propagande menée par les militants de l’Union temporaire. Car cette propagande ne touche guère que des milieux traditionnellement réceptifs au message abolitionniste aussi divers que les féministes, les humanistes, les moralistes. D’autre part, elle se heurte au conservatisme des pouvoirs publics, à l’ignorance et aux préjugés de l’opinion, largement confortés par la contre-propagande des milieux anti-abolitionnistes. Au-delà des intérêts que suppose la prostitution, l’abolitionnisme met en jeu toute une représentation de la société, des rôles sexuels et de l’ordre public sur lesquels la position de la France semble bien révéler un conservatisme spécifique. En 1946, au terme de vingt ans d’existence, l’Union temporaire assiste enfin à la mise en œuvre de la première législation complète en matière de prostitution dont elle mesure rapidement la dimension faussement innovante. Elle va donc reprendre le combat sur de nouvelles bases, au sein de l’Union française contre le Trafic des Êtres humains, désormais Branche française officielle de la Fédération abolitionniste internationale.