Pascal Ory, L’identité passe à table…, PUF/Fondation Nestlé France, 2013, 136 p.
Le classement par l’UNESCO, en novembre 2010, du repas gastronomique des Français (donc, tendanciellement, de tous les Français…) à l’inventaire du « patrimoine immatériel » mondial a suscité bien des commentaires, des plus enthousiastes aux plus ironiques : ces entretiens entendent reprendre le dossier à la base. On y propose une définition claire du terme, ambigu, de gastronomie, on y démystifie la tradition gastronomique – ici comme ailleurs rien n’est donné, tout est construit, dans un constant métissage-, on y explicite les éléments constitutifs de l’identité nationale française telle qu’elle se met en jeu autour de la table. En prime, on y gagne d’éclairer le malentendu permanent entre cultures hédonistes et cultures puritaines (anglo-saxonnes, en particulier). Le tout éclaire les prétentions de la France non pas à l’excellence, proclamée, mais à l’expertise, partagée : la vraie singularité de ce pays tient moins à une qualité de cuisine ou de boisson qu’à la centralité accordée par lui aux questions du manger et du boire.
Pascal Ory, professeur d’histoire à la Sorbonne, est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages portant sur l’histoire culturelle et l’histoire politique des sociétés modernes. Au PUF il a publié le « Que sais-je ? » de référence sur L’histoire culturelle. Ce volume se situe dans la continuité de son ouvrage sur Le discours gastronomique français, des origines à nos jours (Gallimard, 1998).