Les syndicats et l’Assemblée consultative provisoire (novembre 1944-octobre 1945)

FABREGUET Michel, Les syndicats et l’Assemblée consultative provisoire (novembre 1944-octobre 1945), Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1980, 179 p.

La participation de cinq organisations syndicales, dont la CGT et la CFTC, à l’Assemblée consultative provisoire de Paris, qui faisait suite à la participation de la seule CGT à l’ACEP d’Alger, s’expliquait par l’engagement du mouvement syndical dans la Résistance et par l’évolution du mouvement syndical, entre les deux guerres mondiales envers l’action parlementaire.

Devant l’ampleur des ruines à la Libération, le syndicalisme tendait moins à se définir comme force revendicative que constructive. Dans une assemblée politiquement très à gauche et gagnée à leur cause, les syndicalistes furent actifs et surent diversifier leurs centres d’intérêt (surtout les cégétistes), tout en conservant une nette prédilection pour les problèmes sociaux. Confrontés aux problèmes de l’heure (remise en ordre économique du pays, épuration, salaires, emploi, problèmes régionaux et internationaux), ils firent triompher devant l’ACP leurs conceptions des grandes réformes de structure : nationalisations, création des Comités d’entreprise, organisation de la Sécurité sociale. Malgré ces succès, ils mesurèrent rapidement les limites de leur action.

Le GPRF se souciait peu des avis de l’ACP : ainsi, l’ordonnance du 22 février 1945 instituant les Comités d’entreprise fut très en retrait de ce qu’avait prévu l’ACP. Le syndicalisme vécut pleinement l’échec de la Résistance/Révolution. Mais surtout, malgré sa puissance, le mouvement syndical fut incapable de surmonter les divisions politiques qui réapparurent très rapidement : la CFTC, politiquement « homogène », en souffrit moins que la CGT dont les sympathies politiques se partageaient entre différentes tendances. Les différentes organisations syndicales ne purent donc que reconnaître leur inadaptation à une assemblée de caractère politique : l’expérience demeura sans suite. Mais si les Confédérations syndicales se replièrent sur le terrain économique et social, un certain nombre de syndicalistes, dont plusieurs anciens membres de l’ACP, embrassèrent une carrière politique et siégèrent dans différentes assemblées de la IVe République »,