Les Cafés comme lieux de sociabilité politique à Paris et en banlieue : 1905-1913

GRAVELEAU Nathalie, Les Cafés comme lieux de sociabilité politique à Paris et en banlieue : 1905-1913, Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1991, 164 p. + 24 annexes

Lorsque le mouvement ouvrier se met en place, les organisations politiques ne disposent pas encore de locaux qui leur sont propres. La CGT et la SFIO — fondées respectivement en 1895 et 1905 — utilisent notamment les locaux dans lesquels se retrouvent habituellement les ouvriers, dont les cafés. Tout en ne représentant qu’un phénomène mineur dans la vie politique de la Belle Époque, ils abritent l’essentiel du fonctionnement des organisations, servant même parfois de sièges. Surtout, ils favorisent l’émergence de nouvelles pratiques politiques, issues de la rencontre de deux sociabilités.

L’une, liée au café, privilégie la spontanéité et les distractions, l’autre, politique, préfère une certaine austérité et la réflexion, en vue d’une prise de conscience de la part des militants. Elles s’associent parfois, notamment lors des punchs ou des banquets, mais se heurtent aussi lorsque les organisations sont confrontées au problème de l’alcoolisme ou de la surveillance policière.

L’utilisation du café comme local politique révèle également l’attention accordée par les organisations à la propagande par la parole, ainsi que la pénurie des autres locaux. De plus en plus, cependant, les organisations font appel à des locaux institutionnels de type bourse du Travail, maisons communes ou coopératives, la guerre achevant de précipiter ce mouvement.

L’étude des cafés comme lieux de sociabilité politique à Paris et en banlieue s’inscrit donc au moment où émerge le mouvement ouvrier. Cette utilisation s’explique donc vraisemblablement par les impératifs créés par la nécessité de la propagande pour accroître son influence, les organisations s’installant dans les lieux où se déroule la vie ouvrière, avant que celle-ci ne soit monopolisée par leurs propres institutions.