Les assises du socialisme ou l’échec d’une tentative de rénovation d’un parti

KRAUS François, Les assises du socialisme ou l’échec d’une tentative de rénovation d’un parti, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Franck Georgi], Univ+. Paris 1, 2001, 2 vol. 276 p.

Réunissant dans l’élan de la campagne présidentielle de mai 1974 des représentants du PS, du PSU et de la mouvance cédétiste autour d’un leader (F. Mitterrand), d’une idéologie (le socialisme autogestionnaire) et d’une stratégie (l’union de la gauche), les Assises du socialisme se présentent comme la dernière étape d’un long processus de déconstruction et de reconstruction de la gauche socialiste, engagé depuis une quinzaine d’années. L’ouverture de fonds d’archives riches et divers, complétés par des entretiens inédits, permet de jeter un regard neuf sur ce moment important de l’histoire du socialisme français contemporain.

Nées de la prise de conscience de la restriction du champ politique du PSU dans les réseaux associatifs et syndicaux se réclamant de l’autogestion, les Assises traduisent la volonté d’un changement d’outil de « médiation politique » de la part de ces milieux et une tentative de rénovation interne des idées, des pratiques et du personnel politique du PS. Ayant pour fonction d’atténuer les clivages culturels en mettant en lumière un substrat idéologique commun et la prise en compte par le PS d’un militantisme nouveau, elles apparaissent comme une grand-messe devant conférer à l’arrivée des forces et des idées nouvelles une dimension cérémonielle et solennelle.

Malgré ces efforts, les oppositions et réticences que soulève le processus au sein de chacune des forces impliquées indirectement (CFDT, GAM) ou directement (PS, PSU, Objectif socialiste) cassent la dynamique de regroupement organisationnel, ce qui se traduit par une nette démobilisation des militants susceptibles de participer à l’entreprise. Divisés et peu nombreux à adhérer au PS, ces derniers, confrontés à un choc des cultures politiques et à un certain ostracisme interne, constatent rapidement l’échec de l’opération. Leurs aspirations initiales supposaient en effet une mutation profonde du Parti socialiste et de ses pratiques militantes et non une simple couche de peinture idéologique aux couleurs de l’autogestion.