Le mode de vie des bourgeoises du seizième arrondissement pendant l’entre-deux-guerres

MORANT Lucie, Le mode de vie des bourgeoises du seizième arrondissement pendant l’entre-deux-guerres, Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 139 p. + 20 p. d’annexes

Durant l’entre-deux-guerres, un bourgeois est encore « une personne de la classe moyenne, intermédiaire entre le peuple et la noblesse » (Encyclopédie Larousse du XXe siècle, 1928). La bourgeoisie est « une catégorie sociale qui comprend les personnes de revenus indépendants, ou gagnant assez largement leur vie, ayant une certaine tenue et même un certain train de vie, (certe catégorie sociale) absorbe tous ceux qui ne travaillent pas à un métier, surtout manuel » (ibid.). Une nouvelle bourgeoisie issue de la Première guerre envahit pourtant peu à peu Paris et le seizième arrondissement, défaissant sa province d’origine. Les années vingt et trente sont des années charnières qui poussent la bourgeoisie à se moderniser, à sortir du XIXe siècle. Cepenpant, un constat s’impose : si les mœurs changent, cette évolution se fait extrêmement lentement en ce qui concerne les femmes.

Grâce à des sources orales, nous avons pu étudier le mode de vie des bourgeoises du seizième arrondissement de Paris pendant l’entre-deux-guerres. De manière à retracer ce mode de vie, nous nous intéressons à leur enfance et à l’éducation qu’elles ont reçue, afin de voir de quelle manière les petites filles sont préparées à leur future vie de bourgeoises. Ensuite nous nous attardons sur leur destin : être une épouse, une mère, une femme d’intérieur, des rôles qui semblent inhérents à la condition de la femme issue du milieu bourgeois à cette période. Enfin, nous essaierons de parler de leur rôle social, des obligations que ce rôle peut entraîner, ce qui n’a pas toujours été mis en avant durant les entretiens que nous avons eus. Une étude des recensements complète l’analyse orale.

Nous avons remarqué, grâce à notre étude, que les bourgeoises avaient une vie réglée en fonction de devoirs sociaux et familiaux, d’impératifs mondains, qui tendaient à unifier leur mode de vie. On vivait un peu renfermé sur soi-même, entre personnes de classe sociale identique, au sein d’un même quartier. L’étude du mode de vie des bourgeoises du seizième nous a permis de mettre en avant une vie d’obligations et de devoirs à accomplir qui pouvaient ressembler à des rites. Le poids du milieu social était écrasant et rares furent les bourgeoises qui s’émancipèrent de son joug.