DECOMBLE Thibault, Le général Maxime Weygand face à la guerre. Mai-Septembre 1940, Maîtrise [Olivier Wieviorka], Univ. Paris 1 CHS, 2018, 368 p.
Qu’est-ce qu’un général de soixante-treize ans aurait pu faire dans un conflit armé comme celui de la Seconde Guerre mondiale ? L’interrogation semblerait amener une réponse simple : il aurait été dépassé. Cette guerre serait donc celle de trop pour le général Maxime Weygand dont, en effet, l’historiographie est loin de donner une image favorable. Ce mémoire se propose d’examiner cette question au travers de trois axes : l’action de Weygand en tant que généralissime, son rôle lors de l’armistice de juin 1940 et son action en tant que ministre de la Défense nationale dans les premiers temps de Vichy. Placer le général Weygand face à la guerre, c’est tout d’abord chercher à savoir ce qu’il a saisi de la nouveauté du second conflit mondial en termes strictement militaires. Quelle fut son action pour contrer la Wehrmacht ? A-t-il été innovateur ou s’est-il contenté d’appliquer des percepts acquis depuis les années 1920, alors que le maréchal Foch était encore son mentor vivant ? Or, au poste de commandant en chef lors de la bataille de France, le général a su s’adapter à la guerre moderne. Il peut être considéré comme le père français de la tactique de lutte contre les blindés et les avions. Weygand, a joué un rôle primordial dans la signature de l’armistice en juin 1940, car, en tant que commandant en chef, il a pesé pour que le Conseil des ministres opte pour cette solution à la défaite des armées. Néanmoins, le début de sa campagne en faveur de l’armistice se situe entre le 8 et le 10 juin et non dès la fin mai, comme tendent à le penser certains historiens, ou vers la mi-juin, comme le croient ses défenseurs. Au gouvernement de Vichy, malgré sa proximité idéologique avec le régime, Weygand tint une place atypique, promouvant une ligne neutraliste. Pendant que la France sortait du conflit, l’Angleterre continuait à se battre. Il fallait donc que l’Hexagone détermine une ligne de conduite face à cette situation. Les chefs militaires préparaient-ils la paix ou considéraient-ils qu’il était de leur devoir de fourbir en secret les armes d’une revanche devant arriver à brève échéance ?