L’association des vieilles maisons françaises — Anne de Amodio et la transmission d’un patrimoine — 1958-1980

CUCHET Marie, L’association des vieilles maisons françaises — Anne de Amodio et la transmission d’un patrimoine — 1958-1980, Maîtrise [Charlotte Vorms], Univ. Paris 1 CHS, 2016, 140 p.

Le mémoire présenté porte sur les premières années de l’association des Vieilles Maisons Françaises. Celle-ci est fondée en 1958 par la Marquise Anne de Amodio (1906-1980), dans une période charnière pour la politique française. Il s’agit à la fois d’une époque riche pour le monde associatif et d’une époque creuse pour le monde du patrimoine confronté à une politique de reconstruction de la France d’après-guerre. Dotée d’une personnalité singulière, Anne de Amodio profite de ses relations mondaines importantes, tant dans le monde politique que dans le monde intellectuel, pour proposer une vision nouvelle et originale du patrimoine ; un patrimoine composé non pas uniquement de monuments historiques mais aussi des vieilles maisons qui font le visage de la France. Dès les premières années, Anne de Amodio identifie deux acteurs directs dans la transmission de ce patrimoine : l’État et les propriétaires privés, qui peuvent en être à la fois les sauveurs ou les détracteurs. Elle permet ainsi de mettre en lumière la double nature de ce patrimoine, appartenant d’un point de vue matériel au monde privé et d’un point de vue moral au domaine public. Les premières années de cette association sont occupées par un travail de sensibilisation à l’importance de sauver ce patrimoine : elle en construit la doctrine et réclame l’attention de l’État et des propriétaires. Forte d’une reconnaissance d’utilité publique, obtenue en 1963, Anne de Amodio se focalise sur l’État afin que ce dernier mette en place une politique publique au bénéfice de ces maisons. Si son combat acharné lui permet la création d’outils en faveur de ce patrimoine, son succès reste mitigé, battu en brèche par les autres politiques publiques de l’État. Lassée de ces combats peu gratifiants, Anne de Amodio se détourne alors de l’État pour responsabiliser le propriétaire, comme dernier rempart de sa transmission, en le chargeant d’une triple mission d’utilité publique : gestion, conservation et promotion. Pendant 22 ans à la tête son association, Anne de Amodio a eu à coeur de mettre en lumière ce patrimoine non pas comme un fardeau mais comme une opportunité. C’est pourquoi tout au long de ces années, elle insiste sur l’importance de développer le tourisme comme idéal d’équilibre entre le propriétaire privé, le grand public et l’État au sein de ces vieilles maisons françaises. Une grande partie des archives produites par l’association ayant été jetée au début des années 1980, ce mémoire s’appuie sur la revue, sur les procès-verbaux des conseils d’administration et les comptes rendus des Assemblées Générales. Ce corpus est complété par le témoignage de l’une des premières salariées de l’association et par de nombreuses archives publiques.