La mise en place des Sections administratives spécialisées et des Sections administratives urbaines et leur action à Alger pendant la guerre d’Algérie (1955-1962)

DUBREUIL Fabrice, La mise en place des Sections administratives spécialisées et des Sections administratives urbaines et leur action à Alger pendant la guerre d’Algérie (1955-1962), Maîtrise [Claire Andrieu, Olivier Wieviorka], Univ. Paris 1, 1997, 190 p.

Prenant conscience, au cours de l’année 1955, que la situation politique, et bientôt militaire, leur échappe, les responsables français en Algérie mettent sur pied une structure qui, selon les dires mêmes de l’un de ses artisans, doit permettre de « reprendre en main la population ». Ce sont les Sections Administratives Spécialisées et les Sections Administratives Urbaines. Ces entités mixtes, civiles et militaires, ont la charge d’assurer le suivi administratif des populations de leurs circonscriptions (recensement, orientation vers les services compétents…), ce qui ne va pas sans susciter un certain nombre de tensions entre elles et les pouvoirs en place (préfectures, mairies). Elles doivent aussi venir en aide à un peuple qui constitue un enjeu de la guerre entre les Français et l’ALN : aide médicale gratuite, aide « sociale », alphabétisation, travaux d’amélioration de l’habitat. Les chefs de SAS et de SAU ont également pour mission d’utiliser leur position stratégique au contact de la population pour renseigner l’armée et avoir une action « psychologique » sur les habitants de leur secteur. L’hésitation entre les secours apportés à une population civile victime de la guerre et les activités de renseignement au service d’une armée dont ils sont officiers constitue le moteur essentiel de l’histoire de ces hommes. Dans cette situation inconfortable, les officiers SAS bénéficiaient d’une grande liberté. Leurs opinions et perceptions personnelles ont certainement joué un grand rôle dans l’accomplissement de leur tâche et dans leur arbitrage entre aide et répression.

L’étude du cas d’Alger montre le décalage entre les intentions d’une politique de développement économique, social et culturel et des réalisations qui laissent la première place aux opérations de propagande.