La mémoire historique de la presse ouvrière à l’époque du Front populaire

MASSA Patrick, La mémoire historique de la presse ouvrière à l’époque du Front populaire, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1986, 218 p.

Ce travail a pour objet la mémoire historique construite par les organisations ouvrières dans la conjoncture très particulière du Front populaire qui voit une réactivation des traditions républicaines. C’est pourquoi il est centré sur les rapports existants alors entre la mémoire républicaine et la mémoire ouvrière.

La mémoire unie et divise. Ainsi, le souvenir des grandes grèves, des 1er mai célèbres, de la Commune, oppose le mouvement ouvrier dans son ensemble à l’ennemi de classe. Mais chaque tendance vénère ses propres pères fondateurs et les polémiques présentes se nourrissent des anciennes querelles (les scissions, la charte d’Amiens). De plus, quand un homme fait l’unanimité (Jaurès) chacun prétend être le meilleur héritier de sa pensée. Manifestement, les partisans du Front populaire croient revivre 1789. Ils s’identifient au Tiers-Etat et aux Jacobins, tout en assimilant la bourgeoisie de 1936 à la noblesse coblentzarde. Mais, certaines réticences de Syndicats contrastent avec l’ardeur du PCF à célébrer le culte de la Grande Révolution.

Cette opposition se retrouve clairement dans le domaine culturel, le PCF étant le plus favorable à la culture humaniste et rationaliste, fondement du républicanisme, alors que les amis de Belin font preuve d’un certain ouvriérisme.

Au-delà de ces questions et de la difficulté à concilier les idéaux socialistes et républicains, cette étude tente de mettre en évidence les aspects partisans de toute gestion de la mémoire, et certaines particularités du discours commémoratif.

Sources : Le Populaire, L’Humanité, Le Peuple, Syndicats, La Vie Ouvrière.