TULLIO Olivier, Image et perception du fascisme italien dans les archives et les témoignages des diplomates français, 1934-1937, Maîtrise [Pascal Ory, Marie-Anne Matard-Bonucci], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 227 p.
Comme tout phénomène historique, le fascisme italien fut perçu de manière diverse suivant les individus ; en fonction de leur sensibilité politique, leur condition sociale, etc. À l’étranger il suscita ainsi à la fois l’admiration et le rejet de ses contemporains. Cependant, il existe une différence fondamentale entre ceux qui l’ont vécu de l’intérieur, autrement dit les Italiens, et ceux qui l’ont connu de l’extérieur.
L’objet de cette étude est de restituer, à partir des archives conservées au Ministère des Affaires étrangères et des mémoires publiées après la guerre, la vision des diplomates français en poste en Italie et près le Saint-Siège au moment des faits, qui présentent la particularité d’avoir côtoyé le régime mussolinien tout en gardant le regard extérieur exigé par leur fonction.
Les années 1934-1937 sont une période cruciale de l’entre-deux-guerres, tant sur le plan international — avec des événements majeurs comme la guerre d’Espagne — que sur celui des relations franco-italiennes, de la politique de rapprochement de Louis Barthou et Pierre Laval (1934-1935) à la rupture symbolisée par le voyage de Mussolini à Berlin (septembre 1937). La guerre d’Éthiopie y occupe une place centrale. Après sa victoire en Afrique, le régime est à son apogée et fait de nombreux émules en Europe.
En cette fin des années trente, plus qu’une doctrine politique, le fascisme est avant tout un système de gouvernement, qui tend alors vers le totalitarisme. L’objectif de la diplomatie française est de s’entendre avec le régime mussolinien, par-delà les divergences idéologiques, afin d’éviter tout rapprochement avec l’Allemagne nazie. À partir de là, que nous apprennent les diplomates sur l’attitude des Italiens à l’égard du fascisme et de son évolution totalitaire ? Comment cette transformation apparaît-elle dans leurs écrits ? Quel regard portent-ils sur la politique étrangère fasciste et comment en perçoivent-ils les changements ? Des questions dont les réponses ont peut-être influencé la politique de la France à l’égard de l’Italie fasciste…