Pierre Victor Tournier (dir.), Dialectique carcérale. Quand la prison s’ouvre et résiste au changement, L’Harmattan, 2012, Coll. «Criminologie», 319 p.
Cet ouvrage s’inscrit dans la dynamique du séminaire « Enfermements, Justice et Libertés dans les sociétés contemporaines » du Centre d’histoire sociale du XXe siècle (Université Paris 1, CNRS). Il y a environ dix ans, deux livres collectifs étaient publiés, en France, sur la prison, l’un s’intitulait La prison immobile et le second La prison en changement. La prison immobile ? Certainement pas pour les vingt et un auteurs de cet ouvrage. Âgés de 25 à 70 ans, ils sont spécialistes en droit, histoire, sociologie, science politique, démographie du champ pénal, sciences de l’éducation, sciences de l‘information et de la communication, psychosociologie, sciences du psychisme, architecture et philosophie.
La prison en changement ? Oui, mais… Partant de leurs propres travaux scientifiques, les auteurs en sont arrivés à cette problématique commune de l’ouverture de la prison et des résistances au changement qu’elle rencontre. Cette dialectique carcérale est abordée à travers des questions très diverses regroupées en cinq chapitres : « Questions de dignité » (dignité, vulnérabilité, protection, droit au soin…) « Gérer » (recrutement des surveillants, placement en cellule, régimes de détention…), « Vivre en détention » (cohabitation entre détenus, formation, rapports avec les familles…), « En sortir ou pas » (surveillance électronique, semi-liberté, permissions de sortir, libération conditionnelle, rétention de sûreté…) et enfin « Politiques pénitentiaires » (forces et limites des règles pénitentiaires européennes – R.P.E. –, surpopulation et politiques de construction, réforme du « milieu ouvert », nécessité de démocratiser les politiques pénitentiaires…).
Les auteurs se distinguent certes par leur âge et leur discipline scientifique de référence, mais aussi par leur sensibilité. La jonction de leurs courants de pensée se fait – le temps d’un livre ? – autour de l’acceptation d’une approche dialectique dont Alain Cugno nous rappelle, à propos des R.P.E., le sens hégélien « Est dialectique toute réalité qui engendre sa propre contradiction et dans ce mouvement même permet de la surmonter ».
Contributeurs : Lucie Bony, Nicolas Boutin, Sandrine Chenivesse, Christian Chevandier, Gaëtan Cliquennois, Alain Cugno, Sophie Desbruyères, Christian Demonchy, Émilie Dubourg, Eric Kania, Fatima El Magrouti, Samantha Enderlin, Michel Fébrer, Laurent Gras, Isabelle Huré, Pierre Lamothe, Jean-Manuel Larralde, Anne Simon, Caroline Touraut, Pierre Victor Tournier et Alexia Venouil