De la révolution prolétarienne aux révoltes démocratiques (1966-1974) : une étude de la mouvance maoïste française

ANGLADA Camille, De la révolution prolétarienne aux révoltes démocratiques (1966-1974) : une étude de la mouvance maoïste française, Maîtrise [Frank Georgi], Univ. Paris 1 CHS, 2016, 155 p.

Le courant maoïste spontanéiste reste, aujourd’hui encore, l’un des symboles les plus couramment mobilisés dans la référence aux années 1968 que celui-ci le soit pour sa dimension virulente et dogmatique représenté par la Gauche prolétarienne, ou pour ses sensibilités progressistes et libertaires à travers Vive la révolution. Pour autant, si ces groupes sont souvent présentés comme profondément dissemblables et traités comme tels, ils partagent une forte sensibilité, favorisée par leurs modalité spécifiques d’action – au premier lieu desquelles la pratique de l’enquête. À la croisée d’une démarche sociologique, par sa volonté analytique et scientifique, et journalistique dans son attachement porté à la diffusion des expériences, les maoïstes cherchent à faire de l’enquête la base pratique de leurs actions. Celle-ci se traduit par une présence réitérée dans les lieux de vie de ceux qu’ils cherchent à toucher – usines, marchés, cafés – ou par le recueil de cahiers de doléances et de témoignages, les informations collectées sont mises à profit pour élaborer la base de leurs actions et de leur propagande future. L’enquête maoïste permet de fait, une proximité et par là une attention portée à des voix jusque-là peu relayées, un enfermement moindre dans des analyses et théories dogmatiques coupées de la réalité sociale. Par là même, elle participe, en France, à un certain renouvellement du champ de la contestation.