Alphonse de Chateaubriand : ses idées, ses actions

HUET Marie-Alice, Alphonse de Chateaubriand : ses idées, ses actions, Maîtrise [Pascal Ory, Patrick Eveno], Univ. Paris 1 CHS, 2004, 291 p.

Cette étude biographique a pour objet Alphonse de Châteaubriant, fondateur et directeur de La Gerbe, en tant qu’intellectuel collaborationniste. Alphonse de Châteaubriant est un intellectuel de la première moitié du XXe siècle, auteur de romans régionalistes à succès : Monsieur des Lourdines et La Brière, dont le parcours est quelque peu atypique. Dans un premier temps, l’analyse porte sur l’itinéraire et la maturation d’Alphonse de Châteaubriant afin d’essayer de déceler d’éventuelles influences. Ainsi sa famille, sa rencontre avec Romain Rolland, la Première Guerre mondiale qui lui ouvrent peu à peu l’esprit et lui permettent de comprendre ce qui l’entoure. On remarque un tournant dans la vie d’Alphonse de Châteaubriant lorsqu’il fait la connaissance de Mme Castelot puisque cette dernière lui fait découvrir le nazisme auquel il adhère immédiatement. II n’aura de cesse de faire connaître ce régime en France notamment en écrivant un livre sur l’Allemagne nazie : La Gerbe des Forces. Cependant l’ambiguïté de son comportement : sa fuite devant l’avancée allemande en 1940 laisse supposer un refus du régime : il n’en est rien, Alphonse de Châteaubriant remonte dès le mois de juin 1940 pour fonder « son » hebdomadaire collaborationniste, créer des organisations pro-nazis afin d’encourager la collaboration. Dans un second temps la réflexion s’attache à tenter de comprendre les positions politiques, économiques, sociales et idéologiques d’Alphonse de Châteaubriant face aux grandes idéologies du moment : le capitalisme, le communisme et le nazisme. À la lecture de ses différents articles et conférences, ambiguës et brouillons, il ne fait aucun doute que le modèle à appliquer pour redresser la France est celui de l’Allemagne du III Reich. Afin de bien le faire comprendre à ses lecteurs, il n’hésite pas à stigmatiser, extrapoler, mentir sur les deux régimes politiques honnis. Dans un troisième, cette recherche répond la volonté de dégager l’originalité des idées, des références d’Alphonse de Châteaubriant, sur lesquelles il n’existe aucune étude. En effet il n’hésite pas à prôner une révolution, un retour à Dieu…. pour régénérer la France. Alphonse de Châteaubriant va même beaucoup plus loin, puisqu’il ne se gène pas pour dire au gouvernement de Vichy ce qu’il faut faire : COLLABORER et cite des exemples pour étayer ses arguments. Afin de rendre ses propos acceptables, Alphonse de Châteaubriant a recourt à La Bible, à des références historiques et littéraires. II s’agit à travers cette étude de mettre en lumière un intellectuel important de la Collaboration, mais oublié : Alphonse de Châteaubriant, d’essayer de démêler les fils de sa pensée afin de comprendre à quel type de famille d’intellectuel il peut appartenir.