Les clubs gaullistes sous la Ve République

PACHOMOFF Karelle, Les clubs gaullistes sous la Ve République, Maîtrise [Claire Andrieu, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1994, 240 p.

Les clubs et sociétés de pensée non situés à gauche sont mal connus. Pourtant, le phénomène des clubs gaullistes constitue un aspect important et original de la dynamique des clubs.

Nous sommes en effet parvenu à recenser non moins dune soixantaine de clubs s’articulant autour des valeurs gaullistes. Réplique au succès des premiers clubs socialistes, ce phénomène ne peut cependant être réduit à un simple mimétisme. Le gaullisme a en effet généré ses propres particularités, dans un contexte différent.

Ces clubs se caractérisent par une grande diversité d’approche, qui s’exprime aussi bien dans leur morphologie structurelle que dans la nature de leurs engagements et leur dispersion politique. Malgré cela, ils forment un réseau cohérent, structuré par des idées, des hommes ou un parti. Ils entretiennent entre eux des relations particulières, s’unissent ou bien s’opposent.

L’existence d’un tel système soulève toutefois une interrogation : comment en effet expliquer qu’un phénomène de cette ampleur ait pu subsister dans l’ombre ? En effet, eu dépit de leur nombre, les clubs gaullistes sont toujours demeurés dans la marginalité, dans tous les domaines : au sein même de la famille gaulliste, où ils se heurtent au caractère centralisateur et dominant du parti, duquel ils ne parviennent pas à s’émanciper ; au sein de la dynamique des clubs, en raison de leur trop grande fragilité structurelle, puisque sur la quantité recensée, seul un faible nombre a possédé une activité véritable ; enfin, sur la scène politique, où ils échouent à se faire connaître et à faire aboutir le fruit de leur réflexion, conséquence de leur impuissance.

Les clubs gaullistes ne connaissent donc pas le même destin que leurs prédécesseurs socialistes. Néanmoins, ce constat d’échec est nuancé par le rôle permanent qu’ils remplissent sur la scène politique et au sein du courant gaulliste. Marginaux, ils possèdent une mission de réflexion, constituent une forme d’expression intra-partisane non négligeable ainsi qu’un moyen sûr de lutter contre la dissolution de la spécificité gaulliste, assurant ainsi sa vitalité.