La vie politique et sociale à Bagneux de 1870 à 1914

BOULEY Gilles, La vie politique et sociale à Bagneux de 1870 à 1914, Maîtrise [Antoine Prost, Jacques Girault], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1990, 256 p. + annexes

Commune à direction communiste depuis 1935, Bagneux, a connu durant la période 1870-1914 des modifications considérables dans fonction économique et son organisation sociale au fur et à mesure de son intégration au sein du réseau parisien. Gros bourg dominé économiquement et politiquement par les cultivateurs, groupe social homogène, mais incapable de dynamisme et pilier d’un « conservatisme » local respectueux des institutions traditionnelles, le village peu tant qu’il demeure un espace enclavé tourné sur lui­même. Avec le développement des transports collectifs et l’essor du marché urbain, une population composée essentiellement de provinciaux et de Parisiens investit les pourtours de la commune.

Ces immigrés sont les vecteurs de bouleversements qui affectent la structure économique et politique du village : les maraîchers, producteurs sur des parcelles dont la superficie est souvent inférieure à 1 hectare, mais qui assurent, grâce à des cultures particulièrement rentables les mutations dans les modes de production agricole. Ex-Parisiens déracinés, ils apparaissent comme les agents du radicalisme. Les jardiniers, salariés agricoles hautement politisés sont à l’origine d’un mouvement ouvrier agricole organisé. Les ouvriers de l’industrie, logés principalement dans les lotissements de la route d’Orléans dont l’essor correspond au développement du chemin de fer, remplacent progressivement les carriers comme « force révolutionnaire » de la commune. Les employés et fonctionnaires attirés par la faiblesse de la valeur vénale des terrains exercent pour certains d’entre eux (en particulier les employés de la Compagnie des Tramways de l’Ouest parisien) une influence au sein de la communauté.

Néanmoins, à travers l’analyse des élections législatives et de l’opinion publique, nous pouvons nuancer la prédominance de ces nouveaux venus dans l’élaboration des modifications politiques : prépondérance dès le début de la IIIe République du courant radical lors des consultations nationales, influence de la population autochtone dans l’organisation d’un parti socialiste local longtemps teinté de radicalisme, déchristianisation latente malgré la violence du conflit religieux à partir de 1897.

Cependant, au niveau local les étapes démographiques entraînent des conséquences sur la sociologie des équipes dirigeantes, la gestion municipale et sur la perception de l’intérêt communal. Nous complétons cette analyse par une série de 65 notes biographiques sur les conseillers municipaux de Bagneux durant cette période.