L’histoire des livres d’histoire grand public

MARTIN Sylvie, L’histoire des livres d’histoire grand public, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1987, 217 p. + annexes

Cette recherche s’intéresse à deux bibliothèques municipales du département des Hauts-de-Seine, choisies pour leurs différences démographiques Bagneux (municipalité communiste) compte 40 000 habitants, Sceaux (municipalité UDF) n’en compte que 18 000. De plus, la répartition sociodémographique de ces deux populations confère à Bagneux un caractère de municipalité populaire et à Sceaux, un caractère de petite ville bourgeoise. C’est ce que montre la première partie, grâce aux chiffres du recensement de population de l’INSEE de 1982. Ces différences se retrouvent au niveau des populations fréquentant les deux bibliothèques municipales. On pouvait dès lors penser que les attentes de ces deux publics ne présenteraient pas une parfaite similitude.

On a donc comparé les acquisitions et les emprunts en histoire dans les deux bibliothèques et notamment l’impact de cinq émissions de radio et de télévision ainsi que celui de trois revues d’histoire grand public sur ces acquisitions depuis 1975. La deuxième partie mesure l’impact de ces émissions et revues sur les acquisitions. Elle montre que ces dernières restent indépendantes des différents supports de l’histoire (émissions et revues) : les émissions et les revues Historia et Historama répondent aux attentes d’un public amateur d’une histoire anecdotique et romancée, la bibliothèque de Bagneux touche un public peu sensibilisé à l’histoire, la revue L’Histoire vise un public diplômé et cultivé, la bibliothèque de Sceaux accueille un public constitué en grande partie d’étudiants et de cadres supérieurs. Cependant, une émission se distingue des autres : c’est l’émission de Bernard Pivot, Apostrophes, dont la notoriété se traduit concrètement par un fort pourcentage de livres d’histoire présentés à cette émission et acquis par les deux bibliothèques.

La troisième partie s’attache à mesurer l’impact des mêmes émissions et revues sur les emprunts de livres d’histoire dans les deux bibliothèques, après avoir présenté quelques études (du ministère de la Culture ou de l’Ina) sur l’incitation à la lecture par la télévision. Si les différents publics connaissent une évolution de goûts parallèle, la télévision ne semble pas jouer un rôle moteur : cette dernière, de même que les revues étudiées, se contente de satisfaire les désirs les plus immédiats de leur public, cherchant en priorité le taux d’audience et le chiffre de vente les plus élevés. Les deux bibliothèques, quant à elles, remplissent un rôle de service public et s’attachent à offrir un éventail de choix le plus large possible.