Gilles Morin et Gilles Richard (dir.), Les deux France du Front populaire. Chocs et contre-chocs, L’Harmattan, 2008, coll. «Des poings et des roses», 440 p.
Au printemps 1936 surviennent en même temps une victoire électorale des gauches unies «contre la menace fasciste» et un puissant mouvement social. Aspects les plus visibles d’une radicalisation de la société dans son ensemble, ils n’épuisent cependant pas ce moment exceptionnel en termes de mobilisation politique, de confrontation sociale et symbolique. France de gauche contre France de droite, la question des mobilisations se pose à travers le succès de rassemblements antifascistes, mais aussi du Parti social français de La Rocque, alors que des forces traditionnelles comme le parti radical se délitent. Paysannerie, classes moyennes urbaines, patronat y participent autant que le mouvement ouvrier ; tous se forgent alors leur identité pour plusieurs générations. Cette interaction, sans laquelle on ne peut rien comprendre, ces confrontations, mais aussi les compromis trouvés alors sont l’objet de cet ouvrage.
Le Front populaire a cessé d’être un enjeu central du débat politique, et il n’est plus un modèle pour la gauche. L’intérêt des historiens s’est aussi déplacé. Aujourd’hui, de nouvelles approches, s’appuyant sur des sources inédites, permettent de renouveler le regard sur cette France du Front populaire, à Paris mais aussi dans un tour de France des régions.
Les recompositions des champs politique, social, institutionnel, à l’œuvre au milieu des années trente, annoncent aussi la France de la seconde moitié du xxe siècle. Elles sont au cœur des réflexions de l’équipe d’historiens et de politistes rassemblés pour cet ouvrage.