Le Barreau au service d’une ambition politique : Maître Jean Zay à Orléans dans les années trente

AGUINALIN Pierre-Olivier, Le Barreau au service d’une ambition politique : Maître Jean Zay à Orléans dans les années trente, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1998, 147 p.

Jean Zay, avant d’être le ministre de l’Éducation Nationale de Léon Blum en 1936, est l’un des acteurs les plus brillants et les plus influents de l’histoire politique du Loiret sous la Troisième République. En effet, le 8 mai 1932, Jean Zay est élu, à l’âge de 28 ans, député radical de la première circonscription du Loiret.

Cependant, pour éclairer une carrière politique aussi rapide qu’exceptionnelle, il n’a pas été vain de suivre Jean Zay dans son parcours professionnel et dans la construction de sa carrière politique par le biais de son métier d’avocat. En effet, si Jean Zay souhaite, très tôt, dès l’âge de quatorze ans, faire de la politique, il reste au jeune avocat inscrit au barreau d’Orléans le 17 décembre 1930, à concrétiser ce projet.

Comment un jeune avocat, sous la Troisième République, peut-il alors entrer en politique ?

L’étude d’une profession — celle d’avocat dans les années trente — et de son image sociale à travers l’expérience de Jean Zay répond à cette interrogation ; la carrière professionnelle de celui-ci apparaît effectivement indissociable de ses ambitions et de ses combats politiques précoces.

Son métier d’avocat lui confère, il est vrai, une autorité reconnue et une réelle notoriété, de par ses compétences juridiques et son talent oratoire qu’il ne manque pas d’exposer lors des procès d’Assises grâce auxquels Jean Zay devient un acteur important de la vie orléanaise. Cette relation privilégiée avec le public et l’amorce d’un cheminement politique jalonné d’étapes : la carrière d’avocat en est une et Jean Zay sait la mettre au service de son ambition politique.

Jean Zay connaît effectivement la place éminente occupée par les membres du barreau dans les circuits relationnels et de pouvoir que sont, dans les années trente, les syndicats professionnels. Aussi, à travers ses relations avec le monde syndical et professionnel — la Fédération Artisanale du Loiret notamment — son métier d’avocat et tout particulièrement son activité de conseil juridique sont orientés vers un apprentissage et une conquête du pouvoir politique.

C’est dans ce cadre propice à l’action politique que Jean Zay gagne la reconnaissance de ses futurs électeurs, assurant ainsi son succès politique.