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11 – 11 : Memories Retod : l’art vidéoludique au service de la mémoire de la Grande Guerre ?

MORIZOT Pauline, 11–11: Memories Retod : l’art vidéoludique au service de la mémoire de la Grande Guerre ?, Maîtrise [Pascale Goetschel, Fabien Théofilakis], Univ. Paris 1 CHS, 2019, 185 p.

Durant la période 2014-2018, nous assistons à un regain d’intérêt pour la Grande Guerre qui se traduit par la multiplication des célébrations et des initiatives locales ou privées autour de ce sujet. Le jeu vidéo s’empare lui aussi de cette thématique au travers d’un sous-genre en plein développement, celui du jeu vidéo historique. Ce travail porte sur le jeu 11-11 : Memories Retold. Sorti le 9 novembre 2018 et édité par Bandaï Namco, il est présenté comme comme « une aventure narrative émouvante qui raconte l’histoire de deux soldats de camps opposés ». L’étude se situe au croisement de l’histoire du jeu vidéo, de l’histoire de la Première Guerre mondiale et celle de la mémoire. Histoire du jeu vidéo, par son objet, mais aussi par l’analyse de ses spécificités comme celle du game-play et de l’interaction ; histoire de la Première Guerre mondiale par le thème consacré à deux soldats au cœur du conflit ; histoire de la mémoire, car les développeurs ont pensé le jeu comme une œuvre mémorielle. L’analyse se développe autour de deux points centraux, le premier concerne l’originalité de la production et du contenu du jeu d’un point de vue du jeu vidéo tandis que le deuxième aborde le traitement mémoriel de la Grande Guerre. La connaissance des conditions de production permet d’analyser la capacité du jeu à immerger le joueur dans la Première Guerre mondiale par ses choix visuels et sonores ou par son game-play. Le choix des sujets représentés et le message du jeu porté par la narration permettent d’aborder les différentes mémoires mises en avant dans l’œuvre.

Étude diachronique du discours de la presse nationaliste à travers le quotidien le Roussillon (1886-1906 ; 1919-1934)

MORINIERE Maxime, Étude diachronique du discours de la presse nationaliste à travers le quotidien le Roussillon (1886-1906 ; 1919-1934), Maîtrise [Fabien Théofilakis, Pascale Goetschel], Univ. Paris 1 CHS, 2019, 260 p.

Ce travail vise à questionner le discours de presse nationaliste à travers l’étude d’un petit journal royaliste publié à Perpignan : Le Roussillon. Il s’agit d’interroger ce discours tantôt reflet de l’opinion des rédacteurs du journal, tantôt guide de celle de ses lecteurs, dans une perspective diachronique en comparant les périodes 1886-1906 et 1919-1934. Le Roussillon constitue une fenêtre d’accès par laquelle on peut analyser le conflit qui se joue entre République et royalisme, questionner l’opposition des imaginaires politiques et des problématiques identitaires et déconstruire la stratégie rhétorique développée. Le choix de l’approche diachronique, couplé à une démarche plus fine, de dépouillement systématique concernant huit numéros tous les quatre ans, a permis d’envisager des adaptations conjoncturelles, comme l’intégration de marqueurs de la détresse économique du pays — chômage, charges fiscales, baisse des exportations, etc. — dans l’élaboration des critiques du régime. En même temps, ce travail a permis de révéler l’existence d’invariants profonds, notamment un antiparlementarisme structurel.

Poison en boîte. Quatre-vingts ans de mobilisations contre le phosphore blanc dans l’industrie allumettière française, 1845-années 1920

LE GOUIS Olivier, Poison en boîte. Quatre-vingts ans de mobilisations contre le phosphore blanc dans l’industrie allumettière française, 1845-années 1920, Maîtrise [Judith Rainhord, Smith Paul], Univ. Paris 1 CHS, 2019, 354 p.

Le phosphore blanc utilisé dans la fabrication des allumettes chimiques provoque aux XIXe siècle de nombreuses maladies professionnelles, la plus terrible étant la nécrose de la mâchoire, dite nécrose phosphorée, qui défigure et souvent tue les femmes et les hommes respirant les vapeurs émises par le phosphore blanc. Ce mémoire porte sur les tentatives d’interdire le phosphore blanc à partir de la découverte de la nécrose phosphorée, en 1845. Malgré les exhortations, les critiques, les dénonciations, l’État tarde, à agir contre le poison responsable du massacre des ouvrièr·e·s fabriquant les allumettes et il faudra plus de cinquante ans de mobilisations en France et plus de quatre-vingt ans en Europe pour l’interdire. Les mobilisations médicales, politiques, ouvrières et de la presse finissent pas aboutir en 1898, où, grâce à la découverte d’un substitut, le phosphore est abandonné en France. Ce mémoire étudie également la Convention de Berne de 1906 qui interdit le phosphore blanc dans plusieurs pays européens ainsi que ses élargissements successifs jusqu’aux années 1920, sous l’égide notamment de l’Organisation internationale du travail.