L’opinion publique en Seine Inférieure sous l’occupation (juin 1940 – septembre 1944)

LEFRANÇOIS Catherine, L’opinion publique en Seine Inférieure sous l’occupation (juin 1940 – septembre 1944), Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1981, 326 p.

L’objectif, qui est de démonter les mécanismes d’évolution de l’opinion publique, implique un plan chronologique.

  • Dans un premier temps, l’opinion subissant le choc de la défaite et de l’occupation, s’en remet à un sauveur providentiel : l’image que l’opinion se forme de Pétain coïncide avec celle que Pétain donne de lui.
  • La défection vis-à-vis du régime naît en juin 1941 de l’impact de l’entrée en guerre de l’URSS, qui révèle une des bases idéologiques de la Révolution nationale : l’anticommunisme. Celui-ci, à la fois, rapproche ceux que le pacte germano-soviétique avait éloignés de la collaboration, et pousse dans la Résistance tous ceux qui souhaitent la victoire de l’Armée Rouge. Les difficultés économiques, la relève, les sanctions contre l’ensemble de la population vont directement concerner l’opinion publique et l’obliger à sortir de sa réserve. Le processus d’éclaircissement au sein de l’opinion est irréversible à partir de novembre 1942 : il s’agit alors de démonter les méca­nismes qui permettent au courant de la Résistance d’influer sur le cours de l’opinion. La certitude de la victoire alliée regroupe, à partir de juillet 1943 (débarquement anglo-américain en Sicile), la majorité de l’opinion qui, après une phase de repli, due à l’attente du débarquement en France, exprime son adhésion à la Résistance par le vote de 1945.

Ce travail montre que l’évolution de l’opinion n’est pas linéaire, mais discontinue, et qu’elle s’explique par l’impact prédominant sur la vie quotidienne des phénomènes économiques, tout autant que par les événements extérieurs. Le retournement de l’opinion s’éclaire en dé­couvrant que, dès novembre 1940, l’adhésion au maréchal Pétain se fis­surait, cependant que le général de Gaulle ne fait pas l’unanimité en août 1944.