Inventaire du fonds Thomas

Le fonds Georges Thomas

par Jean MAITRON en collab. avec A-M et Claude Pennetier

En 1976, pour l’enquête sur les militants du Syndicat national des instituteurs des années trente, présentée dans le Bulletin .n° 2 du CRMSS, j’entrai en contact avec Mademoiselle Germaine Thomas à Châteauroux(Indre). Celle-ci, après avoir visité le Centre alors implanté 16 rue de la Sorbonne, me proposa de faire don au Centre d’une partie de la bibliothèque de son père, Georges Thomas.

Après le décès de Mlle Thomas, son héritier M. Léon Thomas, se tint à ma disposition pour respecter le intentions de sa, parente. Au 104 boulevard Saint-Denis à Châteauroux étaient soigneusement conservés ces ouvrages et revues, reliés méticuleusement.
Il était normal de demander à Jean Maitron, son ami, de présenter Georges Thomas.

Georges THOMAS, 8 décembre 1883-30 mai 1970

Je n’ai pas connu personnellement Georges Thomas, instituteur et militant, mais je fus en correspondance avec lui durant une vingtaine d’années et il m’apporta une collaboration que j’appréciai, tout d’abord à la revue de l’Institut français d’Histoire sociale, L’Actualité de l’Histoire, dans laquelle il fit paraître en 1957 un essai sur le mouvement ouvrier dans l’Indre, en second lieu au Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, du tome 1 en 1964 au tome 15 en 1977. Les curieux d’archives retrouveront un jour la correspondance que j’entretins avec tous ceux qui participèrent à l’élaboration du Dictionnaire, et donc avec Georges Thomas, très représentatif des instituteurs de sa génération. Rapidement esquissée, voici sa biographie.
Fils d’un boulanger, G. Thomas devint instituteur, fréquenta les milieux anarchistes et, de 1910 à 1914, collabora aux Temps Nouveaux de Jean Grave. Dès 1911, il fut un des fondateurs du Syndicat des instituteurs de l’Indre dont il fut le secrétaire adjoint de 1911 à 1913 puis le secrétaire général jusqu’en 1921, sa femme assurant l’intérim durant son séjour aux armées.
Mobilisé comme sergent au 90e régiment d’infanterie, Thomas fut affecté à l’hôpital auxiliaire n° 2 de Tours en juin 1916, puis muté quelques mois plus tard au 1Oe régiment d’infanterie à Auxonne (Côte-d’Or . Il se disait alors socialiste libertaire et il entretint, en 1917-1918, une correspondance suivie avec l’anarchiste Charles Benoît, collaborant régulièrement à sa revue, L’Avenir international. La police saisit, le3 décembre 1917, une lettre de Thomas témoignant de son enthousiasme à l’annonce de la Révolution d’Octobre « Et en Russie ? Là-bas, il se produit des choses grandioses et qui nous donnent raisons d’espérer (…). Nos amis réussiront-ils là-bas dans leurs projets ` ? On tremble pour eux et pour la cause de la liberté. Tant d’ennemis les guettent. Qu’ils sont magnifiques ces révolutionnaires russes qu’on avait trop tendance à prendre pour des rêveurs, des mystiques de la révolution »…
Dès sa démobilisation, G. Thomas fonda l’Association ouvrière et paysanne des victimes de la guerre du département de l’Indre, dont il assuma en 1920 le secrétariat et il adhéra également au Parti socialiste pensant rallier au mouvement les petits paysans mais ses essais n’eurent guère de succès. En rejoignant le Parti socialiste, l’ancien militant libertaire n’avait pas renié ses idées et c’est ainsi qu’en octobre 1920, il déclarait, au cours d’une réunion, vouloir s’exprimer « suivant ses conceptions communistes libertaires ». Gardant son franc-parler, il critiquait les professions de foi des candidats socialistes de l’Indre aux élections législatives de novembre 1919, affirmant
« Je vous mets au défi de me citer un seul de ces paragraphes qu’un bourgeois républicain bon teint refuserait de signer. »
(Le Progrès social, 25 janvier 1920)
Et quelques années plus tard, dans ce même journal, il déclarait, le 25 janvier 1923 ;

« La foire électorale est terminée, si nous commencions alors à faire du vrai socialisme ? »

Georges Thomas avait soutenu l’adhésion à la IIIe Internationale et rejoint le Parti communiste. Secrétaire de la section de Saint-Plantaire en 1923, il combattit la droite du Parti ce qui lui valut le surnom de « Souvarine de l’Indre », mais ses conceptions le rapprochaient plutôt des syndicalistes révolutionnaires. Très rapidement d’ailleurs, il se trouva en désaccord et c’est vers 1924-1925 que se situe vraisemblablement son départ du. P.C.

L’essentiel de son activité se porta alors vers le syndicalisme. Animateur des Comités syndicalistes révolutionnaires, G. Thomas appartint de 1923 à 1926, au Conseil départemental de l’Enseignement primaire et, de novembre 1920 à mars 1928, il assura le secrétariat du Cartel départemental unique des fonctionnaires et des ouvriers des services publics puis,de mars 1928 à juin 1932, celui du Cartel unitaire. C’est sur son initiative que s’était constituée le 8 novembre 1924 l’Union départementale mixte de l’Indre, groupant les Syndicats confédérés, unitaires et autonomes. Minoritaire dans la CGTU, G. Thomas mena en novembre 1930 une active campagne pour l’unité syndicale sur la base de la plate-forme des « 22 » et il fut secrétaire du Comité départemental pour l’unité fondé en juin 1931. N’espérant plus possible un changement dans l’orientation de la CGTU, il quitta la Fédération unitaire de l’Enseignement en 1932 avec ses camarades de tendance de la Ligue syndicaliste. Les deux syndicats d’instituteurs de l’Indre ayant fusionné, Thomas fut le secrétaire de la nouvelle organisation de décembre 1932 à octobre 1937. Il assura également le secrétariat du Cartel confédéré des fonctionnaires et ouvriers des services publics de l’Indre d’octobre 1932 à janvier 1936, puis du Cartel unique reconstitué de janvier 1936 à septembre 1939.

Georges Thomas fut sanctionné à plusieurs reprises pour son action syndicale : signataire du Manifeste des instituteurs syndiqués après le congrès de Chambéry de 1912, il fut blâmé puis menacé de révocation. Sommé de dissoudre son syndicat en 1921, il s’y refusa et fut condamné, le 2 février 1921, à cent francs d’amende avec deux de ses camarades du bureau par le tribunal correctionnel de Châteauroux, la cour d’appel de Bourges confirma la condamnation le 24 mars suivant. Il fut aussi censuré en septembre 1934 pour un discours prononcé au congrès de Nice du S.N.I. au mois d’août précédent. Cette sanction suscita une ample protestation qui s’explique en partie par le rôle joué par Thomas après le 6 février 1934. Il avait été en effet l’organisateur et le seul orateur du rassemblement qui avait suivi le 12 février à Châteauroux et réuni deux mille manifestants. Il avait ensuite constitué avec les socialistes et les confédérés un Comité de vigilance antifasciste concurrent du Comité local de lutte contre la guerre et le fascisme d’inspiration communiste…

Le départ à la retraite de Georges Thomas fut salué par le congrès national du S.N.I. réuni, les 3, 4 et 5 août 1937o Retraite très limitée sur le plan de l’action puisque le militant prit aussitôt le secrétariat de la Section départementale de la Fédération générale des retraités et donna des cours au Collège du Travail de Châteauroux. L’Union départementale CGT lui confia par ailleurs la fonction de trésorier qu’il exerça de mars 1938 à juin 1939.

Après avoir siégé au bureau clandestin du Syndicat de l’Enseignement à partir de 1943, G. Thomas adhéra de nouveau au Parti socialiste en 1945 et accepta en septembre, et pour la première fois, d’être candidat aux élections cantonales à Châteauroux. Deux ans plus tard, il était élu conseiller municipal.

Qu’il me soit permis pour terminer de me féliciter de l’occasion qui m’est aujourd’hui donnée de saluer la mémoire du collègue et de l’ami que fut pour moi Georges Thomas.

Jean Maitron, en collaboration avec A.M. et Cl. Pennetier

DON THOMAS – INVENTAIRE

Congrès syndicaux -Comptes rendus

Congrès CGT :

XIVème Congrès confédéral, Lyon 1919

XVème Congrès confédéral, Orléans 1920

Congrès confédéral, Paris 1929

Congrès confédéral, 1931

Congrès confédéral, Paris 1933

Congrès confédéral, Paris 1935

Congrès confédéral, Nantes 1938

CGT unitaire

ler Congrès, St Etienne 1922

Congrès extraordinaire, Bourges 1923 IIIème

Congrès, Paris 1925

IVème Congrès, Bordeaux 1927,

Congrès

VIème Congrès, Paris 1931

La CGT et le mouvement syndical, Résolutions des divers congrès, Historique : 3 volumes

Fédération des syndicats de l’Enseignement laïc

Congrès extraordinaire, Bordeaux 1920

XIVème Congrès fédéral

I SR

Rapport du III ème Congrès

Thèses et résolutions du IVème Congrès I SR au travail ; 1924-1927

SFIO

4ème Congrès, Nancy 1907

5ème Congrès, Toulouse 1908

6ème Congrès, Saint-Etienne 1909

7ème Congrès, Paris 1910 (2 tomes)

7ème Congrès, Nîmes 1910

8ème Congrès, Paris 1911

8ème Congrès, Saint-Quentin 1911

9ème Congrès, Lyon 1912

lOème Congrès, Brest 1913

11 ème Congrès, Amiens 1914

18 ème Congrès, Tours, 1920

33ème Congrès, Paris 1933

34 ème Congrès, Marseille 1937

42 ème Congrès , Paris 1950

Journaux et revues

L’Action syndicale : 1927-1931 (reliée)

Bulletin communiste : 1920-1923 (relié)

Bulletin de l’Amicale des Instituteurs de l’Indre : 1904-1934 (rel ié)

La Critique sociale : mars 1931-mars 1934 (reliée)

L’Ecole émancipée : 1910-1937 (reliée)

L’Emancipation de l’Indre (Bulletin de la section syndicale des instituteurs et institutrices de l’Indre) : 1918-1958 (relié)

L’Emancipation de l’Instituteur : 1910-1924

Europe : 1923-1938

Hommes du Jour : 1910-1936

Les Humbles : 1918—1931

La Grande revue : 1911-1937 (ma i s lacunaire )

Nouvelle revue socialiste : 1901-1931

Pages libres : 1903-1909

Plus loin 1925-1939

Le Réveil des primaires 1919-1921

La Révolution prolétarienne 1925-1939 1949-1958 (rel i ée) 1960-1 970(brochée)

Revue de l’Enseignement primaire et primaire supérieur :

Revue corporative : 1905-1929

Revue littéraire : 1909-1914

Revue sociale : 1905-1926

Les Temps nouveaux : 1904-1914 relié

Les Temps nouveaux (supplément littéraire) : 1895-1914

La Vie ouvrière : 1909-1914

La vie sociale et corporatiste : 1917-1923

La vie syndicale : 1923-1928

Brochures

52 volumes de brochures reliées et réunies (3 à 4 brochures par volume)