Inventaire du Fonds Le Claire

Inventaire du Fonds Le Claire

par Jean-Philippe Legois

PRÉSENTATION DU FONDS LE CLAIRE

Avec ce fonds Le Claire, nous entrons dans un domaine en plein développement et restructuration, le secteur de l’assurance (représentant 210 000 emplois en 1987 soit une personne sur 100) et plus exactement celui des compagnies d’assurances. L’essentiel de ce fonds nous informe en effet sur la vie sociale, syndicale et politique au sein de la Mutuelle Parisienne de Garantie (MPG), l’une des quatre compagnies du groupe Axa, le second groupe français après l’UAP.

Historique et modalités de classement

Ce fonds d’archives a été versé au CRHMSS en plusieurs fois de 1990 à 1991. Ces archives ont été produites ou plutôt, comme nous le verrons, collectées par Patrick Le Claire, qui en a déposé une autre partie – a priori concernant surtout ses activités politiques – au Centre d’Études et de Recherches sur les Mouvements Trotskistes et Révolutionnaires Internationaux (CERMTRI).

Éléments biographiques concernant Patrick Le Claire

Né dans les années 50, ce militant trotskiste lambertiste (courant trotskiste s’incarnant dans plusieurs organisations au fil du temps : OCI, PCI, MPPT ; dans le secteur de la jeunesse, AJS, AJR), qui a milité à l’Union Nationale des Étudiants de France (UNEF), entre à la MPG, alors Compagnie Parisienne de Garantie (CGP), le 26 février 1973.

Militant de la CGT à partir du 1er mars 1973, il est successivement membre de la Commission Exécutive de l’UL (Union Locale) CGT du second arrondissement de Paris, puis de celle du 10ème, ainsi que membre de celle du syndicat CGT des assurances. En 1990, au moment du versement, il était secrétaire et trésorier de la section CGT, délégué au Comité d’Entreprise (CE), délégué au Comité d’Hygiène et de Sécurité (CHSCT) et délégué du personnel ; il représentait également le personnel au Comité de Groupe Axa.

Complexité du « fonds » Le Claire

Stricto sensu, le « fonds » Le Claire n’en est pas un. Il compte des « documents produits et reçus » par Patrick Le Claire dans le cadre de ses activités syndicales, politiques et associatives, mais aussi par d’autres personnes. Car P. Le Claire a également collecté des archives de Daniel Crusberg, secrétaire de la section FO de la MPG, délégué au CE, délégué du personnel et secrétaire adjoint du syndicat FO des assurances. Nous avons pu aussi repérer des archives de sa femme, Danièle Le Claire, bibliothécaire dans le 19ème arrondissement de Paris, syndiquée à FO. Enfin, plusieurs documents, des dossiers ont été collectés auprès des camarades de section de la CGT.
Mises à part les archives issues du C.E (cf. infra), ce fonds n’est pas le reflet de l’activité d’une structure, fut-elle syndicale, mais de celle de plusieurs militant(e)s. Son unité est donc une unité complexe, et une unité fondée plus sur l’activité d’un « collecteur » de documents que sur celle d’un « producteur ».

Classement du fonds

Matériellement, ces archives se présentaient sous la forme de 20 à 30 gros cartons déposés en vrac ; à l’intérieur, très peu de dossiers constitués, beaucoup de photocopies, de nombreux journaux et revues, quelques ouvrages. Il a donc été nécessaire de « reconstituer » une certaine cohérence et notamment d’identifier les divers secteurs d’activité du collecteur.
Deux se distinguaient nettement : son activité associative dans le domaine du logement et son activité politique au sein du PCI (Parti Communiste Internationaliste) sous ses diverses formes. Par contre, les documents concernant ses activités syndicales et ses activités au sein de la MPG ont posé problème : nous avons retrouvé des documents émanant aussi bien de la direction de l’entreprise (publications externes, bilans, rapports, notes internes…) que du Comité d’entreprise ou d’autres organismes paritaires ; quant aux documents syndicaux, ceux produits par les sections syndicales de la MPG (CGT, FO, …) côtoient ceux parvenant d’Unions locales ou régionales, ou des fédérations de la branche assurances, ou encore des confédérations.
Finalement, l’option choisie a été de distinguer, d’un côté, tout ce qui relève de la vie de l’entreprise MPG, y compris les activités des sections syndicales de la MPG, et de l’autre, le reste des activités syndicales. Nous y reviendrons plus loin.

Modalités de tri

Avant de présenter ces quatre axes plus précisément, il nous faut signaler les tris et éliminations qui ont été effectués – rendus d’autant plus indispensables par l’impressionnant volume de ce fonds.
Les photocopies de presse ont été éliminées quand elles n’avaient pas de liens directs avec les divers secteurs d’activité dégagés ou avec un « dossier » quelconque. De même certains prospectus publicitaires, des programmes de stages. Les livres, les brochures – concernant le logement, le droit du travail, le syndicalisme – ont été extraits du fonds pour être intégrés à la bibliothèque du Centre, sauf certaines brochures militantes, syndicales et politiques. Enfin, parmi les journaux et revues, ont été éliminés ou extraits les titres suivants :

  • les quotidiens « Libération », « Le Monde », « L’Humanité ».
  • les nationaux politiques et syndicaux « Informations ouvrières », « Révolution », « Le Peuple », « La Vie Ouvrière », « Force Ouvrière Hebdo ».
  • les périodiques (para)professionnels « L’argus, journal international des assurances », « La gazette du Palais », « Ensemble, magazine de Manpower », « Liaisons sociales », « Actualités Sociales Hebdomadaires ».
  • les périodiques sur le logement « Revue de l’habitat », « HLM aujourd’hui », « Votre logement, revue de l’OCIL », mais aussi quelques magazines d’informations locales « Le Francilien », « Montreuil Infos », « Poissy Magazine ».
  • les périodiques « Newsweek », « Le Courrier de l’UNESCO », « Que choisir ? », « 50 millions de consommateurs », « Le Particulier »…
Les grands axes structurants du fonds

Cette complexité du fonds Le Claire en fait la richesse. Il peut être une source – principale ou complémentaire – pour des recherches portant aussi bien sur l’évolution du secteur de l’assurance, sur les Comités d’entreprises ou les activités politiques et syndicales au sein de ce secteur que sur les luttes du logement, le courant trotskiste lambertiste, voire le syndicalisme étudiant. Nous avons donc structuré cette diversité autour de quatre grands axes : la vie de l’entreprise MPG, les activités syndicales, les luttes du logement, les activités politiques.

Le classement et le tri décrits ci-dessus n’ont pas abouti pour l’instant à un inventaire détaillé. Nous n’avons pu faire qu’un pré-classement, regroupant les diverses archives selon ces quatre axes. Ce qui suit est donc la description sommaire des types de documents, des secteurs, thèmes et périodes couverts par ce fonds dans chacun de ces axes.

La vie de l’entreprise MPG. (12 m)

C’est l’axe principal de ce fonds, que l’on peut, à ce titre, subdiviser en trois secteurs.

L’entreprise elle-même. Les publications de la MPG, les bilans, rapports et autres notes internes nous permettent de mieux comprendre le fonctionnement et l’évolution de cette compagnie d’assurance des années 70 aux années 90. Évolution, dont voici quelques repères issus des propos de P. Le Claire et de ses archives mêmes (à compléter)… Créée en 1934 sous le nom de « Compagnie Parisienne de Garantie et de Défense Automobile », la CPG devient « Mutuelle Parisienne de Garantie » en 1978-80, fait partie des « Mutuelles Unies », devient « Uni-Europe ». Les « Mutuelles Unies » constituent avec les groupes « Drouot », « Présence » et « AGP-la Paternelle » le grand groupe « Axa » dont le patron est Claude Bébéar. Pour ce champ d’études, signalons la présence d’un service d’archives au sein de la MPG.

Le Comité d’entreprise. C’est peut-être une des parties les plus riches du fonds, c’est en tout cas le seul secteur comprenant de réels « dossiers constitués » où l’on retrouve les Procès-Verbaux et autres documents concernant les réunions du CE, mais aussi, année après année, les dossiers des diverses activités organisées en son sein (vacances, chèques-cadeaux, aides, naissances, mariages, primes de scolarité, cantine, bibliothèque, visites, fêtes…). Et ce, depuis 1964 ! (7 m sur l’ensemble).

La vie syndicale et politique. Diverses traces de ces activités au sein même de la MPG se retrouvent dans ce fonds, allant de la fin des années 60 aux années 90 : tracts, affiches, journaux d’entreprise, comptes-rendus de réunions de délégués, d’Assemblées Générales. On peut y trouver par exemple des numéros du « Combat syndical », « organe de la section CGT-FO de la MPG », de même pour la section CGT, les autres syndicats sont peu représentés, mais, par contre, il existe aussi des traces de sections locales du PC, du PCI, voire du RPR.

Les activités syndicales. (2m80)

Il s’agit surtout de l’activité de la CGT et de FO. La difficulté a donc été de bien distinguer les activités syndicales au sein de la MPG et les autres. Nous pensions au début dégager les différents niveaux d’intervention de l’entreprise au national en passant par le local et le régional. En fait, si cette distinction s’avère exacte pour les publications, circulaires, réunions et autres congrès, elle est beaucoup moins pertinente pour les tracts et affiches, car ceux-ci s’inscrivent dans une dynamique de mobilisation, où interventions locales, régionales et nationales s’articulent entre elles. Aussi avons-nous laissé plutôt les tracts et affiches dans la partie syndicale du premier axe.
Dans ce second pan du fonds Le Claire, se retrouvent – toujours des années 70 aux années 90 :

  • les congrès locaux, régionaux, voire nationaux auxquels P. Le Claire ou les militant(e)s avec lesquels(le)s il était en contact ont participé.
  • les circulaires régionales ou de branche, notamment pour la CGT, « Le travailleur parisien », « Infos- Secteurs Financiers, CGT »…
  • les revues, publications nationales de secteur, de branche telles que, pour la CGT, « Options », revue de l’Union Générale Interprofessionnelle des Cadres et Techniciens (UGICT) ou « Journal aux syndiqués », organe de la Fédération Nationale des Personnels des Services Financiers-Assurance, Banque, Crédit et, pour FO, « L’écho des employé et cadres », organe de la Fédération des Employés et Cadres CGT-FO, ou « Bulletin aux syndiqués », organe du syndicat FO des assurances.
Les luttes du logement. (2 m)

Ce troisième axe du fonds est plus réduit, mais non moins intéressant, puisqu’il concerne un secteur de lutte en développement : le logement.
P. Le Claire s’est investi dans ces luttes semble-t-il au sein de la CNL (Confédération Nationale du Logement) dont on retrouve ici des bulletins d’informations, des journaux, des dossiers de congrès des années 80 aux années 90. Il a surtout été très actif au sein de l’association des locataires du 4, rue de Crimée dans le 19ème arrondissement de Paris dont de nombreux tracts, convocations, comptes-rendus de réunion sont dans ce fonds.
Corollaire de ces traces des luttes du logement, plusieurs documents concernent la vie de quartier dans les 19ème et 20ème arrondissements, notamment les journaux « Quartiers libres » et « L’ami du XXème ». Aussi est-ce dans cet axe que nous avons placé les documents de Danièle Le Claire concernant les bibliothèques dans le 19ème.

Les activités politiques. (1m40)

Ce dernier axe concerne les activités de P. Le Claire au sein du courant lambertiste. On y trouve des brochures politiques surtout trotskistes, des publications telles que « La lettre d’Informations Ouvrières » ou « La Vérité », des tracts, des comptes-rendus de réunion de la fin des années 60 aux années 90.
C’est pourquoi nous y avons inséré les documents concernant l’UNEF (0,30 m) de la fin des années 60 au milieu des années 70, puisqu’il s’agit de l’UNEF dite « Soufflot » contrôlée par les lambertistes dans une orientation dite « anti-corporatiste ».

On le voit, tout ce fonds ne manque pas d’intérêt…Il reste à en faire un classement plus fin pour une meilleure exploitation historique.