Dachau : Mémoires et Histoire de la déportation

Anne Bernou-Fieseler et Fabien Théofilakis (dir.), Éditions Tirésias Dachau : Mémoires et Histoire de la déportation. Regards franco-allemands, Coll. « Ces oubliés de l’histoire », 2006, 318 p.

Le camp de concentration de Dachau, ouvert le 22 mars 1933, a d’abord été un lieu d’internement des opposants politiques allemands avant de s’internationaliser avec la Seconde Guerre mondiale : plus de 200000 déportés, venus de toute l’Europe, y furent répartis entre le camp principal et ses 170 camps et kommandos extérieurs ; plus de 40000 des déportés périrent dans ce camp présenté par les nazis comme le camp modèle du système concentrationnaire.

«Toute l’angoisse du camp, ces instants innombrables pris par ruse sur la crainte et la peur, toute l’angoisse de la Résistance et de la clandestinité s’accumule et se fait poids (…). D’aucun autre monde je n’ai conscience. Le dehors n’est même plus oublié».
Nous nous trouvons en ce 29 avril 2005 60 ans, jour pour jour, après la libération du camp en 1945. Certes la manifestation ne relève pas d’une logique commémorative. Elle s’inscrit cependant dans une temporalité qui est celle de la mémoire, plus exactement d’une temporalité au croisement de plusieurs mémoires : Mémoire tout d’abord des déportés venus de France. Pour eux, la fin de la guerre a sonné l’heure de la libération mais a aussi signifié une tragique aggravation des conditions de vie dans le camp. «29 avril- Nous sommes arrivés avant-hier à Dachau. (…) Pour la première fois depuis que Dachau existe, l’horloge nazie s’est arrêtée. Des baraques sont pleines d’hommes, le barbelé les entoure encore. Encore enfermés dans l’enceinte, les corps pourrissent sans leurs maîtres». Cette voix est celle de Robert Antelme, évacué sur Dachau, devant la progression des armées alliées.

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