Mémoire, pratique, enjeux et discours autour de la commémoration de la Commune de Paris de 1938 à 1967 à travers le PCF et la SFIO

SNAIEDEN Raphaël, Mémoire, pratique, enjeux et discours autour de la commémoration de la Commune de Paris de 1938 à 1967 à travers le PCF et la SFIO, Maîtrise [Michel Pigenet], Univ. Paris 1 CHS, 2004, 2 vol. 191 p. et 191 p.

La Commune de Paris, bien que de courte durée, marquera durablement le mouvement ouvrier et la conscience des travailleurs de nombreux pays. Les premières cérémonies en hommage à la Commune de Paris apparaîtront dès les années 1880. Dans le courant de la fin du XIXe et d’une grande partie du XXe siècle, la mémoire communarde sera célébrée sous différentes formes par de nombreux partis de « gauche ». Toutes organisations se revendiquant du socialisme, dans son sens le plus large, se devaient de participer à l’hommage rendu annuellement aux communards devant le Mur des Fédérés. L’absence d’une d’entre elles pouvait être considérée comme une profonde trahison, du moins durant des périodes de fortes mobilisations ouvrières. La Commune de Paris dégageant un très fort pouvoir évocateur, les organisations commémorant la Commune se voyaient facilement conférer la légitimité de son histoire et de ses symboles. Nous nous sommes efforcés d’approcher la mémoire de la Commune de Paris autour des pratiques, enjeux, et discours tenus par le PCF et la SFIO entre 1938 et 1967. Au regard de trente ans de commémoration de la mémoire communarde, de nombreuses évolutions surgiront, tout autant au niveau des lectures attribuées à l’événement révolutionnaire, que des pratiques commémoratives ou des forces mobilisées lors des manifestations d’hommages. Chargée d’une histoire et d’une symbolique forte, la mémoire de la Commune de Paris attisera les passions. Face à la volonté de certaines organisations de gauche d’apparaître comme dépositaire de cet héritage si convoité, surgiront, des conflits ouverts ou sous-jacents d’appropriation de la mémoire communarde. Le Mur des Fédérés restera l’immuable lieu de la commémoration communarde. Au gré de l’évolution de la vie politique, le PCF et la SFIO défileront unitairement ou séparément en ce lieu chargé d’histoire. D’autres lieux mémoriels s’imposeront aussi dans le Tout-Paris. Les représentations que le PCF et la SFIO feront de la Commune seront évolutives et changeantes. Les Commémorations de la Commune s’inscrivant toujours dans des luttes au présent, les analyses liées à la Commune de Paris, pour chaque période donnée, seront à l’image des lignes politiques menées par chacune des deux principales organisations de gauche. La forte proximité ressentie des communistes avec l’expérience communarde accordera au PCF une légitimité historique lui permettant de se présenter plus facilement comme dépositaire de l’expérience révolutionnaire de 1871. La SFIO oscillant entre apparente fidélité et abandon mémoriel, se revendiquera-t-elle aussi de l’héritage communard. Tiraillée entre un hommage sincère et une apparente volonté d’appropriation, la mémoire communarde restera cependant immuablement commémorée.