Issu d’un colloque international qui a réuni des historiens, sociologues, politistes, juristes et économistes, cet ouvrage propose une lecture originale du devenir de la seule organisation internationale de la Société des Nations ayant survécu aux chocs de la grande crise et de la Deuxième Guerre mondiale, l’OIT. Ses auteurs s’affranchissent, en effet, d’une histoire officielle, encline à valoriser la singularité pérenne de l’Organisation dans son environnement « inter-national », pour se concentrer sur la fabrication et l’usage des normes, dont la mise au point, la circulation et la diffusion ont été favorisées par une nébuleuse d’experts et par des médiations qui débordent les frontières politiques traditionnelles. C’est, du même coup, le fonctionnement transnational d’une institution « sans terre » (Albert Thomas), née au milieu d’États souverains, qui se dévoile. La première partie de l’ouvrage s’intéresse aux « gens de l’OIT », c’est-à-dire à des personnes, groupes et réseaux d’experts ayant concouru à la définition des normes. Axée sur la « diplomatie du travail », la seconde prend en compte les médiations individuelles et institutionnelles qui permettent de comprendre les mécanismes transnationaux d’appropriation et de diffusion des normes promues par l’Organisation. La dernière partie envisage, dans une perspective dynamique, la façon dont l’OIT a élargi sa zone d’influence et son pouvoir normatif en entreprenant la « conquête » de nouvelles frontières et populations.