À la Libération, les socialistes vivent une situation paradoxale. Ils peinent à faire reconnaître leur rôle dans la Résistance face aux gaullistes et aux communistes au point de perdre la bataille de la mémoire, alors qu’ils semblent imposer leurs idées économiques et sociales. De retour de déportation en mai 1945, Léon Blum se réjouit de trouver « le socialisme maître de l’heure ». Pourtant, ce diagnostic, longtemps repris par les historiens eux-mêmes, masque une réalité beaucoup plus nuancée.
Cet ouvrage étudie ce moment singulier. Il scrute moins le Parti socialiste en tant que tel que la place occupée peu à peu par ses hommes au sein des pouvoirs qui se réorganisent au sortir de la guerre : exécutif, législatif, judiciaire et médiatique. Il porte également son regard sur les « expériences » socialistes, social-démocrates, et travaillistes qui sont tentées en Europe, et observe la circulation des idées et des « modèles » dans cette période de « restauration » de la République en France et de la démocratie en Europe.
Sur des questions aussi diverses que les institutions, l’épuration, la place des femmes, le rôle de l’information, les choix économiques, le modèle social, ou l’école… les socialistes agissent d’abord en républicains. Ont-ils alors manqué les rendez-vous de la Libération avant que la gauche ne soit déchirée par la guerre froide ?
Contributions de : Alain Bergounioux, Agathe Bernier-Monod, Gérard Bossuat, NoëUine Castagnez, Frédéric Cépède, Christian Chevandier, Isabelle Clavel, Fabien Conord, Michel Dreyfus, Ismail Ferhat, Marion Fontaine, Mathieu Fulla, Yves Guillauma, Éric Jabbari, Edouard Lynch, Robert Mencherini, Gilles Morin, Anne-Laure Ollivier, Nicolas Patin, François Prigent, Nicolas Roussellier,Jens Spath, Gilles Vergnon, Christine Vodovar, Olivier Wieviorka et Michelle Zancarini-Fournel.