Les sapeurs-pompiers de Paris : un Régiment de France (1926-1936)

ALVINO Nicolas, Les sapeurs-pompiers de Paris : un Régiment de France (1926-1936), Maîtrise [Christian Chevandier, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 179 p.

Le bruit familier des sapeurs-pompiers est devenu au cours des années un signal de détresse. Les hommes en casque à bord de leurs engins rouges se hâtent pour secourir l’inconnu. L’étude d’un tel groupe social fut semée d’embuches, mais l’accomplissement du travail n’en fut que plus bénéfique. La monographie des sapeurs-pompiers de Paris montre en quoi cette société dans la société a pu être mal perçue par les personnes qui l’entouraient. Suite à un immense incendie en 1810 à l’ambassade d’Autriche, Napoléon Ier jugea indispensable de mettre le Corps de sapeurs-pompiers de la ville de Paris sous statut militaire, avec une organisation stricte ne laissant pas de place pour la fantaisie ou le hasard. Le seul moyen pour défendre efficacement la ville fut de quadriller au mieux l’espace urbain selon une division basée sur la densité de population et sur la superficie de chaque secteur à défendre. Une fois ce problème réglé, il devait en ressortir une organisation des plus parfaites tant au niveau général que local. Le droit à l’erreur ne devait pas exister dans ce métier. On a alors pu s’apercevoir que l’évolution du Corps s’est faite dans le même temps que les progrès techniques que pouvait connaître la société. Les téléphones, les automobiles, mais aussi les tenues mieux adaptées aux circonstances de lutte contre le feu vont s’adapter à l’air du temps. Cette période fut aussi synonyme d’une tentative de retrouver les années glorieuses d’avant-guerre et on vit donc une douce folie s’emparer des gens, mais aussi des sapeurs-pompiers qui ne sont que des hommes. Majoritairement célibataires, ils ne refusaient pas de goûter aux plaisirs de la vie. Cela avait pour conséquences des réprimandes et de nombreux rappels à l’ordre de la part des capitaines de compagnies sur le respect de la discipline au sein des casernements. Ces lieux fermés au public se devaient d’être dans un état sanitaire irréprochable. Enfin, les sapeurs-pompiers ne restent pas sans honorer la mémoire des leurs tombés au feu, ils effectuent l’appel aux morts du feu et se doivent entre eux de se souvenir des devises du Corps : « courage et dévouement », « sauver ou périr ». Malgré leur vie bien chargée, ils disposaient aussi de temps de récupération pour se vider l’esprit et retrouver un peu d’humanité au sein des foyers ou en partageant un verre avec la population. En fait, on peut dire que cette société fermée ne l’est pas tant que cela, mais qu’elle se fait secrète sur ses principes de vie commune.