Les pratiques socioculturelles des ouvriers pendant la Commune de Paris

VARRAIN Thomas, Les pratiques socioculturelles des ouvriers pendant la Commune de Paris, Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2002, 130 p.

La Commune de Paris est généralement considérée comme une insurrection ouvrière. Il est vrai que le soulèvement amène au pouvoir un gouvernement dont les dirigeants sont, pour beaucoup, issus du monde ouvrier. On comprend pourquoi, les principales réformes engagées par les communards visent en priorité les travailleurs.

La Commune a-t-elle favorisé le développement de pratiques spécifiquement ouvrières, entraînant ainsi l’émergence et la constitution d’un groupe social, distinct des autres et conscient de sa particularité ?

L’insurrection bouleverse la vie quotidienne des ouvriers. Nous avons choisi d’étudier leurs pratiques socioculturelles, leurs habitudes et leurs comportements à travers trois espaces. Le premier, consacré au travail, comprend l’atelier, les associations de production et la Garde nationale qui pour de nombreux ouvriers, supplante I’atelier. Cet espace du travail fait l’objet de nombreuses réformes de la part du gouvernement communard.

En son sein, les ouvriers développent des pratiques très proches, distinctes de celles des autres groupes sociaux. Le second espace, celui de la sphère privée, connait également de profondes mutations : les rapports des ouvriers à l’Église, à la famille et à l’école changent radicalement. Là encore, ils se démarquent très nettement, par leurs attitudes et leurs habitudes, des autres groupes, notamment de la bourgeoisie. Enfin, l’étude de l’espace consacre aux loisirs illustres l’existence de pratiques communément partagées par les ouvriers, dans la rue, au café, comme au théâtre.

Il est certain que, sous la Commune de Paris, on peut observer, chez les ouvriers, une diversité de tempéraments et de situations. Cela ne doit pas occulter les nombreux éléments qui confortent l’existence de pratiques socioculturelles communes aux ouvriers.

Pendant l’insurrection, les travailleurs développent des comportements et des habitudes semblables. Sous l’influence de la propagande socialisante du gouvernement, ils commencent à prendre conscience qu’ils forment un groupe spécifique, uni par des intérêts, des revendications et des aspirations collectifs. Cette conscience d’appartenance se répand avec la Commune. Elle se développera par la suite, notamment avec l’émergence d’un syndicalisme ouvert puissant.