Depuis le traumatisme de janvier 2015, la République n’a cessé d’être invoquée et convoquée, notamment lors des immenses manifestations du 11 janvier.
Fondement de notre société, socle de la citoyenneté et rempart de notre laïcité, elle fut aussi décriée. A force de ne pas tenir ses promesses, il lui fut reproché de favoriser l’entre-soi, le communautarisme, voire l’apartheid social. Après la Concorde… vint le temps de la discorde. C’est alors que la volonté de questionner Patrick Weil apparut comme une évidence. Historien de l’immigration et de la nationalité, directeur de Recherche au CNRS, professeur invité à l’Université de Yale et à l’école d’économie de Paris, il est un des rares intellectuels à pouvoir intervenir dans le débat public sur des sujets aussi brûlants que l’intégration, les migrations, la religion, le racisme, l’antisémitisme. Sans langue de bois, sans éviter les sujets qui fâchent, comme l’islam ou l’identité nationale, les frontières ou l’héritage colonial, il se nourrit de véritables recherches empiriques et d’une longue pratique des politiques publiques, à la différence de tant de ceux qui occupent la scène médiatique. Il donne ici du sens à la République, à savoir une direction et une orientation. Son récit savant et vivant d’une histoire partagée par tous les Français, quelque soit leur origine, ranime les valeurs républicaines. Contre les prophètes de la division, il nous donne les raisons d’espérer en un avenir commun.
Directeur de recherche CNRS au Centre d’histoire sociale du XXe siècle (CHS, UMR 8058, CNRS/Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Patrick Weil vient de recevoir le prix Jean Zay pour l’ouvrage Le sens de la République co-écrit avec le journaliste Nicolas Truong. Sous forme de questions-réponses, il propose ainsi une remise à plat de ce qui fait les valeurs républicaines : la langue française, l’égalité avec des citoyens ayant des droits et devoirs identiques, la laïcité et la mémoire partagée de la Révolution française… Patrick Weil succède ainsi à Christiane Taubira récompensée en 2014 pour son livre Paroles de liberté.