ANR ANTRACT

L’objectif général du projet ANTRACT est l’analyse des images et des sons produits de manière hebdomadaire dans le cadre d’une société créée en 1945, les Actualités françaises, sur vingt-cinq ans, vecteur cinématographique majeur, déjà partiellement travaillé, mais n’ayant jamais fait l’objet d’une analyse systématique. Grâce à des outils technologiques récents d’analyse systématique des contenus textuels et audiovisuels, analyse de l’image, de la vidéo et du son, transcription automatique de la parole et textométrie en particulier, il s’agira d’offrir à la communauté scientifique des cadres d’analyse renouvelés.

Le projet identifie quatre enjeux principaux :

  1. technologique ;
  2. historique ;
  3. méthodologique ;
  4. patrimonial.

1) L’enjeu technologique réside dans l’amélioration des technologies d’analyse de chacune des modalités parole, image et texte, dans l’exploitation conjointe des résultats obtenus sur chacune de ces modalités et dans la spécification et la mise en œuvre d’outils adaptés d’une part aux documents traités et d’autre part aux usages prescrits par l’analyse historienne de ce corpus.

2) L’enjeu historique

 Au premier degré, ces Actualités filmées informent sur les évolutions de la France, y compris dans sa dimension coloniale, européenne et internationale, mais aussi sur les mutations économiques, sociales, politiques et culturelles à l’œuvre dans le monde entre 1945 et 1969. Il s’agira donc de mesurer l’apport en termes de connaissances des images et des sons proposés par ces Actualités. Plus globalement, il s’agit de contribuer à nourrir la réflexion sur l’histoire immédiate : comment se fabrique un événement ? comment les Grands de ce monde se mettent-ils en scène ? Comment se construit une histoire des conflits ?

 Comment les mutations en cours infléchissent-elles les perceptions d’acteurs médiatiques mais comment, aussi, en retour, les manières de dire, de penser, de parler, de filmer des réalités contemporaines les façonnent-elles ?

 Quel récit mémoriel découlent des Actualités françaises ? Quels faits saillants sont évoqués ? Quel (s) visage (s) de France révèlent ces récits ? L’objectif est de travailler sur des formes d’imposition mais aussi d’occultation de la mémoire.

– Le genre « actualités filmées » : transformation en format magazine vers 1968 et autres relations à l’événement ; migrations d’images entre différents supports (des Actualités cinématographiques vers les journaux télévisés ou, inversement) ; proportion d’images « françaises » (produites par des équipes/institutions françaises) et étrangères, afin d’analyser le degré d’ouverture (du regard comme des sujets).

3) L’enjeu méthodologique .

Le projet ANTRACT implique une démarche transdisciplinaire. Aussi, la mise en place d’une démarche méthodologique cohérente et complète constitue l’objectif général de ce projet. Il ne s’agit pas simplement de convoquer diverses approches disciplinaires mais de construire un objet en commun, alimenté par les réflexions et les pratiques d’historien-nes du culturel et du social, de professionnel-les des médias, d’ingénieur-e-s, de spécialistes en textométrie et en traitement automatique de l’image et du son.
Un autre enjeu important réside dans la question de l’écriture : le recours à des outils et des méthodes issus de disciplines éloignées de la discipline historique conduit-il à modifier les modes de récit ? Et si oui, en quel (s) sens ? Il y a là un véritable enjeu en termes de rédaction, de présentation et de transmission des connaissances.

4) L’enjeu patrimonial

Il s’agit de mettre à disposition d’un large public le corpus des Actualités filmées dans leur intégralité (à l’heure actuelle, elles font l’objet d’une diffusion partielle) et d’accompagner cette source d’outils de compréhension et de réflexion bénéficiant de technologies avancées.

Le projet de recherche ANTRACT « Analyse transdisciplinaire des Actualités filmées (1945-1969) » financé par l’Agence nationale de la recherche (ANR) regroupe le Centre d’histoire sociale des mondes contemporains (Université Paris 1), l’Institut national de l’audiovisuel (INA), Eurecom, l’Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités (IHRIM), le Laboratoire d’informatique de l’Université du Mans (LIUM) et la société Voxolab.