Jeanne Halbwachs-Alexandre : une stalinienne dans la mêlée

WEIS Cédric, Jeanne Halbwachs-Alexandre : une stalinienne dans la mêlée, Univ. Paris 1, 2004, 234 p.

Jeanne Halbwachs-Alexandre (1890-1980), agrégée de lettres (1913) et professeur de philosophie (1916-1955) est l’une des principales figures du pacifisme intégral des années 1930. Sœur du sociologue Maurice Halbwachs et ancienne élève d’Émile Chartier, dit Alain, elle s’intègre très tôt au groupe des étudiants socialistes révolutionnaires, adhère à la SFIO en 1914 et milite aux côtés de Maria Vérone à la Ligue des femmes pour le droit des femmes (LFDF). Dès cette époque, le féminisme de Jeanne Halbwachs est résolument tourné vers la paix, si bien qu’il s’éclipse avec l’entrée en guerre qui voit la majorité des femmes militante rejoindre l’Union sacrée. La Grande Guerre, révélatrice de sa combativité et de la radicalité de son pacifisme, la voit collaborer, entre 1916 et 1917, à l’un des quotidiens de la minorité socialiste favorable à la paix, Le Populaire du Centre. Avec Michel Alexandre, qu’elle épouse en août 1916, elle rédige en novembre 1915, au nom de la section française du Comité international des femmes pour la paix permanente (CIFPP), la « scandaleuse » brochure Un devoir urgent pour les femmes, et s’associe à la création de la Société d’études documentaires et critiques sur la guerre. À partir de 1917, le couple quitte le Parti socialiste, s’éloigne de Paris et de la Ligue des droits de l’homme. Tout au long de l’entre-deux-guerres, il participe activement à la publication des Libres propos, revue associant la pensée d’Alain à celle de ses disciples, et consacré en grande partie à l’expression de leur pacifisme. Jeanne Alexandre s’investit largement dans cette aventure, et son engagement auprès des femmes s’en trouve diminué. Par-delà la continuité perceptible de son pacifisme entre 1914 et 1939, nous verrons l’importance qu’elle accorde à la question sociale, la permanence de son humanisme, et essaierons de montrer dans quelle mesure ils sont à rapprocher de la conduite radicale de son combat pour la paix.