« Arts, médias, décolonisations »
Atelier organisé par Charlotte Grabli le jeudi 8 et vendredi 9 février 2024 en hybride au Campus Condorcet, Centre des colloques, Auditorium 150 et sur Zoom.
Voir le programme complet en PDF.
Lien pour le 8 février
ID de réunion: 975 8698 9868
Code secret: 119722
Lien pour le 9 février
ID de réunion: 971 7872 0853
Code secret : 487357
L’historiographie récente a souligné l’importance des arts et des médias – film, musique, danse, théâtre, médias visuels, sonores et imprimés – dans la colonisation et la décolonisation.
Séparément, ou plus rarement de manière croisée, les arts et les médias ont été étudiés comme des sites essentiels de l’émergence de nouvelles esthétiques, sociabilités quotidiennes, normes de genre, subjectivités et luttes politiques. Les artistes, mais aussi une grande diversité d’acteur.ices politiques, religieux.ses et scientifiques aux idéologies concurrentes, ont cherché à façonner et à instrumentaliser les mondes artistiques et médiatiques pour orienter le cours des décolonisations. Ces interventions ont produit de nouvelles manières sensibles, sensorielles et esthétiques de percevoir et de façonner le mouvement de décolonisation, son contenu et sa forme historique. Par exemple, avec la démocratisation des technologies sonores – le disque et le phonographe dans les années 1920, la radio dans les années 1940 et la cassette à la fin des années 1970 –, les décolonisations sont aussi devenues une question d’écoute.
Le pouvoir accordé aux musiques et à la radio en Afrique et dans la diaspora est symptomatique de la manière dont les arts et médias se sont constitués en outils politiques et idéologiques depuis le début du XXe siècle. Examiner leur rôle, parallèle ou combiné, permet d’éclairer des acteur.ices, des pratiques, et des expériences sensibles encore trop souvent considéré.es à la marge des processus de décolonisations.
Cet atelier s’intéressera aux modes spécifiques de présence et d’intervention politique des artistes et des acteur.ices de médias, au centre ou la marge des sphères de pouvoir, à leur inventivité et leur capacité à produire des espaces de circulations des idées et des sensibilités à différentes échelles, via des médias, des tournées sponsorisées, ou encore, depuis des lieux d’exil. Les discussions porteront sur des projets artistiques et médiatiques ayant défié les stéréotypes racistes et produit des solidarités au-delà des frontières coloniales et nationales, dans le cadre de dynamiques panafricaines, de l’essor des luttes de libération, ou de la construction des nations postcoloniales. Elles aborderont des pratiques et circuits qui ont changé les relations entre l’Afrique et les pays socialistes comme Cuba et l’Union soviétique ; entre les anciennes colonies africaines et les métropoles européennes ; ainsi que dans les Caraïbes, dans le contexte de la « décolonisation culturelle » remettant en cause l’idéologie assimilationniste française. L’atelier visera aussi à questionner les temporalités des décolonisations au-delà de l’ère des indépendances et des festivals panafricains, en considérant aussi les années 1980 et leurs résonances actuelles avec les méthodes de décolonisation du savoir, des arts et autres institutions. Il poursuivra les discussions entamées dans le cadre du projet Marie Skłodowska-Curie intitulé Sonic Migrations: Congolese rumba and utopias in 20th century West Central Africa développé au CIRESC et à UCLA (2021-2024), avec des artistes et chercheur.es de nombreuses disciplines (histoire, anthropologie, sciences politiques, études cinématographiques, études radiophoniques, littérature).