Spectateur, vous avez la parole ! : le courrier des lecteurs dans Cinémagazine et Mon Ciné

CHARPENTIER Émilie, Spectateur, vous avez la parole ! : le courrier des lecteurs dans Cinémagazine et Mon Ciné, Maîtrise [Pascal Ory, Christian-Marc Bosséno], Univ. Paris 1 CHS, 2003, 227 p.

Cinémagazine (1921-1935) et Mon Ciné (1922-1937) sont deux magazines cinématographiques pour le grand public. Très peu étudiés par l’historien, ils ont davantage été utilisés comme complément d’information. Leur témoignage constitue pourtant un important champ de recherche pour l’histoire du cinéma de l’entre-deux-guerres. D’une part, car ils participent, pendant les années vingt, à l’accession du cinéma au rang de loisir de masse (en « couvrant » notamment le passage au parlant) ; d’autre part, parce que derrière leur aspect de fan magazine, entièrement dévolu au culte des stars, ces magazines œuvrent pour une vulgarisation massive du cinéma. L’étude de ces magazines se voulait, au préalable, comparative, mais finit par dégager une ligne éditoriale commune, caractéristique de la presse cinématographique « populaire » des années vingt (dont Cinémagazine et Mon Ciné ne sont que deux exemples), dans laquelle le courrier des lecteurs joue un rôle fondamental. Le choix d’axer cette analyse spécifiquement sur la rubrique du courrier s’ancre dans un débat historiographique contemporain, qui s’interroge sur la place du spectateur aux débuts du cinéma, c’est-à-dire en somme jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. De ces spectateurs encore largement méconnus, le courrier des lecteurs ne dresse pas un portrait formel, la source étant très imparfaite, codifiée et à manier avec précaution, mais livre des pistes, des indices et des questionnements, jamais exploités, et dont l’apport historique est pourtant indéniable. Parallèlement aux études sur le phénomène cinéphilique, compris dans sa dimension élitiste, le courrier des lecteurs de Cinémagazine et de Mon Ciné permet d’aborder une nouvelle tranche du spectatorat, beaucoup plus large, davantage fan que cinéphile (encore que…). Il s’agirait, en quelque sorte, de rééquilibrer une histoire du public cinématographique, composante essentielle d’une histoire culturelle du cinéma, en tentant notamment de rendre à ces lecteurs-spectateurs la parole.