La vie politique et les juifs à Alger (1919-1943) : de l’affaire des étudiants au rétablissement du décret Crémieux

CHABOU Habiba, La vie politique et les juifs à Alger (1919-1943) : de l’affaire des étudiants au rétablissement du décret Crémieux, Maîtrise [Sylvie Thénault], Univ. Paris 1 CHS, 2016, 132 p.

Ce mémoire propose une histoire sociale et politique des juifs algérois et une étude de la dichotomie de l’inclusion et de l’exclusion de la vie politique algéroise ainsi que des frontières rigides de la citoyenneté en situation coloniale. Il s’appuie sur une analyse socio-urbaine de la Basse-Casbah d’Alger dans l’entre-les-deux-guerres : une histoire locale ou infra-urbaine dans la continuité de la microstoria permettant, d’une part, d’établir un lien entre les dimensions sociale et politique et, d’autre part, d’identifier les acteurs dans leur composante et leur interaction et, partant, de comprendre la façon dont les juifs algérois s’organisent collectivement et se perçoivent en tant que groupe social et politique. La première partie de cette étude a consisté à comprendre les mécanismes d’inclusion dans la vie de la cité à travers les espaces, les vecteurs et les manifestations de la politisation participant d’une forme de démocratie locale. La seconde partie a permis d’appréhender la difficile inclusion politique, contestée âprement dans le contexte de la « seconde vague antijuive » conduisant à l’exclusion des juifs de la vie politique. Le travail a visé également à souligner les identifications et leurs recompositions et contradictions fortes du fait, d’une part, de la mise en concurrence du principe républicain d’assimilation et du projet sioniste et, d’autre part, de la capacité de marge de manœuvre des « juifs moyens » ainsi que des femmes favorisant leur participation à la vie de la cité et, partant, leur reconnaissance sociale et politique.

Rapports sociaux de sexe dans les dessins animés japonais diffusés en France : Le cas des séries magical girls (1984-2014)

CATUDAL Camille, Rapports sociaux de sexe dans les dessins animés japonais diffusés en France : Le cas des séries magical girls (1984-2014), Maîtrise [Pascale Goetschel], Univ. Paris 1 CHS, 2016, 253 p.

Les séries magical girl, productions japonaises diffusées en France de 1984 à nos jours, sont un exemple de transfert culturel. Elles illustrent les évolutions de l’industrie de l’animation japonaise depuis les années 1960 ainsi que le phénomène d’acculturation de l’animation japonaise en France. Ces séries mettent en scène des petites ou jeunes filles héroïques, autonomes et puissantes, alors que l’héroïsme a d’abord été l’apanage des hommes et que les rapports sociaux de sexes sont des rapports de pouvoir en faveur des hommes. Analyser les dessins animés magical girl permet à la fois de voir comment une société se représente le genre et les catégories « féminin » et « masculin » qu’il produit et comment l’animation reproduit, ou subvertit ces représentations qui peuvent avoir des effets sur les imaginaires des téléspectateurs.

Berlin une ville sans qualité ? La ville racontée par radio France (1979-1989)

CAILLON Margot, Berlin une ville sans qualité ? La ville racontée par radio France (1979-1989), Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2016, 131 p.

Cette étude tente de définir la ou les représentations de Berlin à la Radio dans les émissions françaises des années 1980. Il s’agit d’un portrait dense, vivant, à travers des multiples rencontres, des Berlinois, des expatriés, des artistes, des habitants de tout horizons. Les voix des Berlinois nous guident dans leur ville, leur quotidien, leur réalité. Et chaque description fait appel à l’imagination des auditeurs. Berlin, ville fascinante à l’histoire tourmentée, fait l’objet de nombreux reportages et documentaires sur les chaînes publiques. Son passé intrigue tout comme son statut particulier. Symbole de la Guerre froide, Berlin et son Mur cristallisent l’histoire européenne et mondiale. Comment en tant que reporteurs travaillant pour Radio-France, parle-t-on des Berlinois, de la ville ? Quels sont les éléments mis en avant ou bien passés sous silence ? Comment aborde-t-on une ville étrangère avec des codes français ? Dans les cahiers de charges de Radio-France durant la décennie, il semblerait qu’un point d’honneur soit mis à la découverte d’autres pays. C’est donc aussi cela cette radio des années1980 sur le service public, embrasser de nouvelles rencontres, de nouvelles cultures, de nouveaux sons. Ce travail décrit les contours de Radio-France dans la décennie étudiée, puis il définit les différents intervenants et leurs interactions et enfin, il analyse les différentes émissions et les thèmes qui y sont abordés.

Valparaiso, 1914-1918 : Un port chilien dans la Grande Guerre

BLOCK Claire, Valparaiso, 1914-1918 : Un port chilien dans la Grande Guerre, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2016, 306 p.

L’historiographie de la Grande Guerre tout comme l’historiographie latino-américaine en général ont longtemps considéré la Première Guerre mondiale en Amérique latine comme un non-événement. Cette histoire locale de la Grande Guerre à Valparaiso au Chili est une invitation à revoir ce constat. Sa situation de pôle commercial et financier du Chili en tant que premier port du pays et la composante migratoire importante de sa population font de Valparaiso un point d’observation privilégié. Au travers de la presse et des archives locales, l’étude de la mise en œuvre du principe de neutralité, des mobilisations des colonies européennes, des conséquences économiques, sociales et culturelles de la Grande Guerre dans le port est une manière de comprendre une expérience locale oubliée du premier conflit mondial.

De la révolution prolétarienne aux révoltes démocratiques (1966-1974) : une étude de la mouvance maoïste française

ANGLADA Camille, De la révolution prolétarienne aux révoltes démocratiques (1966-1974) : une étude de la mouvance maoïste française, Maîtrise [Frank Georgi], Univ. Paris 1 CHS, 2016, 155 p.

Le courant maoïste spontanéiste reste, aujourd’hui encore, l’un des symboles les plus couramment mobilisés dans la référence aux années 1968 que celui-ci le soit pour sa dimension virulente et dogmatique représenté par la Gauche prolétarienne, ou pour ses sensibilités progressistes et libertaires à travers Vive la révolution. Pour autant, si ces groupes sont souvent présentés comme profondément dissemblables et traités comme tels, ils partagent une forte sensibilité, favorisée par leurs modalité spécifiques d’action – au premier lieu desquelles la pratique de l’enquête. À la croisée d’une démarche sociologique, par sa volonté analytique et scientifique, et journalistique dans son attachement porté à la diffusion des expériences, les maoïstes cherchent à faire de l’enquête la base pratique de leurs actions. Celle-ci se traduit par une présence réitérée dans les lieux de vie de ceux qu’ils cherchent à toucher – usines, marchés, cafés – ou par le recueil de cahiers de doléances et de témoignages, les informations collectées sont mises à profit pour élaborer la base de leurs actions et de leur propagande future. L’enquête maoïste permet de fait, une proximité et par là une attention portée à des voix jusque-là peu relayées, un enfermement moindre dans des analyses et théories dogmatiques coupées de la réalité sociale. Par là même, elle participe, en France, à un certain renouvellement du champ de la contestation.