Les bibliothèques françaises durant la Grande Guerre 1914 – Années 1920

BERTHET Claire, Les bibliothèques françaises durant la Grande Guerre 1914 – Années 1920, Maîtrise [Julie Verlaine, Pascale Goetschel], Univ. Paris 1 CHS, 2019, 2 vol., 236 p. + 65 p.

Ce travail qui traite des bibliothèques françaises situées dans le nord-est de la France est né de la volonté de se pencher sur un sujet croisant des problématiques patrimoniales, culturelles et des enjeux propres aux périodes de guerre. En effet, la Grande Guerre impose de profonds bouleversements aux bibliothèques françaises, particulièrement dans le nord-est de la France. Lorsque le conflit éclate, la protection des collections précieuses conservées dans les bibliothèques passe immédiatement au premier plan des préoccupations et de nombreuses mesures sont mises en place pendant toute la guerre, de manière parfois très chaotique. Le conflit bouleverse également le fonctionnement quotidien des bibliothèques et notamment la profession même de bibliothécaire. Les lecteurs continuent pourtant à venir lire dans les salles de lecture pendant les quatre années de guerre. Après celle-ci, le retour à la normale n’est parfois pas atteint avant les années 1920, voire 1930 tant certaines bibliothèques ont souffert des destructions dues à la guerre.

Alphonse de Châteaubriant, d’une guerre à l’autre (1918-1939)

TOURTE Damien, Alphonse de Châteaubriant, d’une guerre à l’autre (1918-1939), Maîtrise [Fabien Théofilakis], Univ. Paris 1 CHS, 2018, 195 p.

Ce mémoire de recherche a trois objectifs : faire la généalogie du processus de fascisation d’Alphonse de Châteaubriant en prenant en compte son expérience combattante ; déterminer, délimiter et analyser l’évolution de son militantisme et enfin, le situer dans une culture spécifique, la droite en l’occurrence, pour en définir les contours et les influences. En 1918, de Châteaubriant entame sa quatrième année de mobilisation sous les drapeaux français. En 1939, il est au service de l’Allemagne nazie. Ce mémoire a pour objet l’analyse d’une vision du monde issue de la guerre qui fait de l’ennemi d’hier, l’allié idéal pour une Europe nouvelle débarrassée des « tares de la démocratie et des valeurs libérales ». Les écrits d’Alphonse de Châteaubriant ont été particulièrement précieux tout au long de notre travail. En étudiant leur nature, leur contenu, leur contexte d’édition et de rédaction, nous avons pu saisir au mieux une œuvre littéraire vaste, complexe, dans laquelle se développe une vision du monde qui évolue, s’affermit, et trouve un débouché politique.

La genèse de la gauche plurielle (1993-1997)

STEIER Élisa, La genèse de la gauche plurielle (1993-1997), Maîtrise [Frank Georgi], Univ. Paris 1 CHS, 2018, 260 p.

En 1993, aux élections législatives du mois de mars, la gauche subit une lourde défaite, en particulier le Parti socialiste. À l’issue de cet échec, la crise s’approfondit au sein de cette organisation, mais aussi au sein du Parti communiste français tandis que chez les Verts, la question des alliances entraîne d’importants débats et de bouleversements internes. L’union qui n’apparaît pas dans un premier temps comme une priorité pour les partis de gauche et écologiste devient par la suite de plus en plus une option envisageable, favorisée par de nombreux facteurs comme le contexte institutionnel et la division de la droite. Il ne s’agit cependant pas d’une stratégie évidente, car les divergences idéologiques, notamment sur l’Europe et le poids des différentes cultures politiques rendent complexe le rapprochement. Ce dernier s’effectue cependant à partir de 1996 et aboutit à des accords de nature très variable : alliance électorale et programmatique après de longues négociations entre les Verts et le PS, accord électoral minimal entre ce dernier et le Mouvement des citoyens créé par Jean-Pierre Chevènement, tentative d’accord avortée entre le PCF et les Verts… La gauche plurielle se construit donc comme une alliance préélectorale sans programme commun, mais suffisamment efficace pour emporter les élections législatives des 25 mai et 1er juin 1997. La gauche plurielle prend alors la direction de la France pendant cinq années. Les années 1993-1997 ne constituent pas ce que l’on pourrait appeler de prime abord un âge d’or de la gauche, bien loin des promesses chantantes de 1936 ou de 1981, encore moins un âge d’or des partis, de plus en plus contestés au sein du système politique français. Mais c’est une période qui mérite d’être analysée parce que l’histoire a intérêt à s’intéresser aux creux et aux moments de moindre éclat souvent riches en débats, en remises en cause, en essais.

La CFDT et les travailleurs immigrés dans « les années 68 » – La Solidarité et ses limites

STANGLER Cole, La CFDT et les travailleurs immigrés dans « les années 68 » – La Solidarité et ses limites, Maîtrise [Franck Georgi, Isabelle Lespinet-Moret], Univ. Paris 1 CHS, 2018, 204 p.

Pendant les « années 1968 », cette séquence de contestations inédite en France, la CFDT semble être la centrale syndicale la plus en phase avec les revendications des travailleurs immigrés. L’image est plus complexe qu’elle n’y paraît, car l’engagement de la CFDT est multiforme, déséquilibré, et parfois contradictoire. Si les leaders de la confédération s’intéressent pour la première fois, à la fin des années 1960, vers des problématiques liées à l’immigration, les immigrés eux-mêmes restent marginaux dans l’organisation syndicale. Malgré l’émergence d’un discours solidaire et antiraciste — les cédétistes sont par ailleurs plus reconnaissants de la spécificité de la condition immigrée que leurs rivaux de la CGT — cette sous-représentation perdure. La réalité est tout autre à l’échelle de l’entreprise où parfois les travailleurs immigrés adhèrent en masse à la CFDT. Toutefois, il faudra attendre 1970 pour qu’une véritable activité confédérale se développe dans ce domaine, au-delà des prises de position. Vers la fin des années 1970, la confédération d’Edmond Maire opte pour le « recentrage », mettant fin à son esprit de contestation et se tournant vers d’autres thèmes liés à l’immigration. Dorénavant, ce sont les questions de « l’identité culturelle » et de la « deuxième génération » qui seront privilégiées. Plusieurs pistes de recherche se dégagent de cette étude. L’une d’entre elles concerne le développement d’un milieu associatif parisien au début des années 1970 consacré à la cause immigrée, ainsi que la transmission de ses pratiques et de savoirs.